Lettre ouverte d’un moustique à un citoyen au-dessus de tout soupçon

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Vous devez savoir que je reçois beaucoup de courriers émanant de mes lecteurs; il y en a qui m’aiment et qui partagent sur FACEBOOK, il y en a qui ne m’aiment pas; et il y a que je laisse totalement indifférents. Que voulez-vous, c’est le pain quotidien d’un journaliste qui, aujourd’hui, n’a plus grand-chose à raconter puisque tout a été dit ou presque!

Alors on se presse les méninges pour trouver des sujets pour amadouer le lecteur. Regardez par exemple cette histoire de dates, c’est à ne rien comprendre, car dans tous les cas de figures, il n’y aura qu’un président et une Assemblée. Mais ce que ces gens-là ignorent, c’est que la société civile est tellement consciente qu’elle continuera à conjuguer le verbe “dégage“ à tous les temps!

Mais ce n’est pas le propos de mon papier. Tenez-vous bien, parmi le courrier que j’ai reçu, j’ai trouvé une belle missive émanant –tenez-vous bien- d’un moustique qui, lui aussi, envisage de faire sa révolution. Je vous libre in extenso ce qu’il m’a écrit:

«MA CHERE IBTISSEM, je m’adresse à toi car je sais que tu es compatissante envers les faibles et les espèces menacées, et je voudrais te raconter ce qui nous arrive depuis que ces technocrates sont arrivés au pouvoir: quand vous avez viré votre président, nous on était bien à l’abri dans nos sites, proliférant dans nos coins, subissant une fois par an les attaques de vos services de santé…

Bref, vous vous occupiez de vos affaires, on s’occupait des nôtres. Mais le 23 octobre fit notre bonheur, mes cousins se dispersèrent à travers toutes les poubelles et dépôts d’ordures qui ornaient le paysage, certains mêmes se confortèrent à déguster des mets auxquels ils n’avaient jamais goutté. Du coup, notre population s’est agrandie, s’est diversifiée et s’est aussi consolidée; certains ont même commencé à penser prendre le pouvoir par essaims envahisseurs de toutes les cités et les villes.

Nous nagions dans le bonheur et nous nous régalions du sang de tes compatriotes. C’était divin, et nous prions DIEU pour que ça dure au maximum. Nous avons même réussi à faire imposer un couvre-feu dans certains endroits dits touristiques qui, à partir de 20 heures, devenaient infréquentables par les tiens. Il faut nous comprendre; il faut choisir: c’est vous ou c’est nous!

Durant toute cette période troïkesque, nous avons nagé dans le bonheur et étions prêts à voter pour que ça dure éternellement dans ce pays qui était devenu notre paradis et la poubelle du monde.

Je te dirai aussi un secret: je crois savoir que les gens en place importaient des ordures pour que nous puissions persévérer et proliférer à notre guise… Mais voilà, tes compatriotes sont insupportables, ils ont remplacé ces gens qui nous aimaient tellement qu’on les appelait “nos trois moustiquaires!“ Et cette équipe de technocrates ne comprend rien à rien; elle voit du mal partout, et cette Amel qui est venue nous retirer le pain de la bouche à Sousse! Non et non, on va se révolter et on va aller soutenir l’occupant de Carthage et les zombies du Bardo pour que ce nettoyage cesse!

De quoi allons-nous vivre sinon!Vive les moustiques du 23 octobre!»