Le foin AOC de Crau qui nourrit les pur-sang royaux

02cf7bc6ba16f8fb2c3af22f8f89ee7b53c5dfb7.jpg
Un cheval mange une botte de foin (Photo : Andy Lyons)

[27/02/2014 09:40:00] Paris (AFP) C’est la seule production labellisée AOC/AOP qui ne soit pas destinée aux humains: entre Arles et Salon-de-Provence, le foin de Crau irrigué par la Durance file nourrir les champions des haras jusque dans le monde arabe.

Cette production typique à haute valeur diététique, avec calories et protéines, est tellement unique qu’elle a droit de cité au Salon international de l’Agriculture à Paris, où elle occupe un stand à part comme les fromages au lait cru ou les spécialités gastronomiques.

Cette vaste plaine caillouteuse aux confins de la Camargue, très aride et constamment ventée, bénéficie d’une double chance: une nappe phréatique sous sa croute (principale réserve d’eau potable de la région) et les eaux de la Durance à portée, réputées riches en minéraux.

Résultat, un foin composé au minimum d’une vingtaine d’espèces végétales – fromental, trèfle violet, achillée millefeuille, ray grass, carotte sauvage et renoncule âcre – dont la moitié au moins de graminées et un quart de légumineuses.

“C’est la richesse en fibres de la première coupe fin juin qui rend ce foin tellement précieux pour les chevaux”, explique Charlotte Amouroux entre deux bottes sèches d’herbes (faussement) folles.

Cette récolte-là part directement dans les haras, en France et à l’étranger nourrir les pur-sang des Emirats arabes unis, des Royaumes saoudien et marocain, d’Irlande et d’Allemagne, terres d’excellence pour les chevaux de concours et de course.

Sur les quelque 100.000 tonnes produites, 20% environ partent à l’export.

Entre Arles, Fos-sur-Mer et Salon-de-Provence, 8.500 ha de prairies (sur 14.000) sont classés AOC et 230 producteurs adhèrent au cahier des charges.

L’Appellation d’Origine contrôlée (AOC) et l’AOP (protégée – déclinaison européenne) décrochées en 1997 après 5 ans d’efforts leur impose en particulier de limiter les apports azotés et de noyer la prairie tous les dix jours entre fin mars et début octobre avec les eaux de la Durance, riches en oligo-éléments, minéraux et vitamines: “Elles contiennent trois fois plus de calcium que les autres”, de 10 à 13 g/kg de matières sèches insiste Charlotte Amouroux.

En réalité dès la fin du XIXè siècle les paysans du cru avaient entamé les premières démarches pour faire reconnaître le caractère unique et précieux de leur fourrage qui avait déjà fait ses preuves dans les milieux équestres.

“On est unique en Europe”, souligne Luc Bourgeois, jeune producteur de 24 ans qui s’est lancé il y a cinq ans sur une parcelle en fermage de 30 ha.

Ce foin haut de gamme est mieux rémunéré, avec un prix de base autour de 180 à 200 euros – et pas loin de 300 à l’arrivée dans un élevage en Normandie contre 80 euros pour un foin ordinaire.

A ce prix là, il ne nourrit que les cracks. Les deuxièmes coupes réalisées fin juillet puis fin août sont plus riches en légumineuses et donc en protéines, et prisées pour ces qualités par les élevages laitiers, vaches et ovins.

Comme tout produit de luxe, le foin de Crau bénéficie d’un emballage spécial, une ficelle rouge et blanche exclusive autour des bottes et un “certificat d’accompagnement” signé de la main du producteur. Même la ficelle bicolore a été déposée auprès de l’INPI, l?institut national de la propriété industrielle.