Anniversaire de l’ssassinat de Chokri Belaïd : Comment a-t-on franchi le Rubicon de la violence

 

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L’assassinat de Chokri Belaïd est-il le résultat de la montée de la violence dans le pays? Retour sur un climat sans doute favorable aux assassinats.

Comment en est-on arrivé là? La question était dans toutes les têtes, le 6 février 2013, lorsque les Tunisiens se réveillent sur un choc: l’assassinat de Chokri Belaïd, chef du Parti unifié des patriotes démocrates.

Une question et une hypothèse: cet assassinat est la résultante d’un contexte fait, depuis la révolution du 14 janvier 2011, de violence. Un contexte dans lequel la géopolitique a joué un rôle. Et bien avant que la Troïka ne s’installe au pouvoir en 2012.

En effet, en 2011, et avec l’éclatement de la révolution libyenne, la Tunisie ne pouvait être à l’abri de l’ouverture des caisses d’armes et des râteliers des casernes de l’armée libyenne. Sans oublier les armes qui ont été parachutées par les forces de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) en 2011 pour armer davantage les forces révolutionnaires.

Très tôt, et dès la fin de l’année 2011, des échos nous sont parvenus au sujet de l’existence de camps d’entraînement dans le sud libyen. Profitant de la quasi-anarchie, qui s’est installée dans le pays, une partie des rebelles libyens s’est recyclée, à force de millions de dollars, en agents d’Al Qaïda; ces derniers ont afflué du reste vers le sud libyen afin de mieux porter un soutien aux narco-jihadistes du nord Mali.

Un Emirat islamique à Sejnane

Rien d’étonnant dans ces conditions que les actes terroristes s’annoncent dès les premiers jours de l’année 2012. C’est en effet dès février 2012 que des terroristes se manifestent à Bir Ali Ben Khelifa, dans le gouvernorat de Sfax. On entend alors parler officiellement d’hommes en armes qui veulent installer un Emirat islamique en Tunisie. C’est en janvier 2012 que les Tunisiens prennent connaissance également de l’existence d’un Emirat islamique à Sejnane que des salafistes entendaient imposer.

D’autres faits suivront. Comme la découverte de caches d’armes dont certaines contenaient des armes jusqu’à de guerre. Parallèlement à cela, la presse internationale évoque, en octobre 2012, des camps d’entraînement à Tabarka et aux confins du sud tunisien, dans le triangle où se situent les frontières communes de la Tunisie, la Libye et l’Algérie.

2012, c’est aussi l’année au cours de laquelle une partie de la société civile se mobilise contre des écoles coraniques, dont certaines non autorisées, inculquent, au vu et su de tout le monde, une certaine lecture de l’islam qui donne la part belle à la violence. La même société civile s’insurge contre l’arrivée de prédicateurs moyen-orientaux wahhabites qui font la promotion de l’excision et du voile, à commencer pour les fillettes.

Les «médias de la honte»

Beaucoup de ces prédicateurs font courir les foules dans certaines mosquées. Que les autorités reconnaissent ne pas du tout contrôler. Des vidéos sur Dailymotion ou encore Youtube popularisent des prêches qui vocifèrent la haine. Citant le nom de quelques hommes politiques, journalistes et autres artistes qu’ils jugent «ennemis de l’islam» appelant même à se venger d’eux.

Les médias sont du reste au centre d’une vindicte violente avec un sit-in, organisé pendant près de deux mois (mars-avril 2012), par des islamistes devant le siège de la TT (Télévision Tunisienne), la télévision publique. Mégaphones en main, certains citent même le nom de journalistes, qu’ils considèrent comme des protes-voix des «médias de la honte».

Mai 2012 va constituer un tournant de ces manifestations de violence avec l’organisation par Ansar Achariaa, qui sera classée par le gouvernement d’Ali Laarayedh quelques mois plus tard, en août 2013, comme «organisation terroriste», de son congrès à Kairouan. L’événement est marqué notamment par l’installation du drapeau du califat sur le minaret de la mosquée Okba Ibnou Naffaa.

Ce même drapeau est hissé, en mars 2012, sur un des toits de l’Université de la Manouba. En lieu et place du drapeau national. L’incident est marqué par l’agression d’une étudiante qui a tenté de dissuader un salafiste de le faire. Le même jour, des accrochages ont lieu entre des étudiants pro et anti-niqab.

Autant dire que le contexte était sans doute favorable pour que des illuminés franchisent un certain 6 février 2013 le Rubicon de la haine.

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C’était le 6 février 2013