La Banque d’Angeterre immobile avant la révision de ses orientations

50d121c174fa49c741476131367cbd6d13823e0b.jpg
Angleterre (Photo : Toby Melville)

[05/02/2014 16:27:05] Londres (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) devrait maintenir jeudi son taux directeur avant de modifier probablement sous peu ses orientations de politique monétaire alors que le chômage baisse plus rapidement que prévu en Grande-Bretagne.

“Il n’y a pas le moindre doute sur le fait que la Banque d’Angleterre va maintenir son taux directeur à 0,50% (niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, ndlr) à l’issue de la réunion du CPM (Comité de politique monétaire) de février”, a anticipé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

À l’issue de sa réunion des 5 et 6 février, la banque centrale britannique devrait ainsi maintenir son taux directeur mais aussi laisser une nouvelle fois inchangé le montant total de son programme de rachats d’actifs, dit d'”assouplissement quantitatif”, à 375 milliards de livres sterling (452 milliards d’euros).

La dernière tranche de ce programme, lancé en mars 2009 pour soutenir une économie britannique alors en pleine récession et dont le montant total a été relevé progressivement, a été épuisée en novembre 2012.

Si la réunion de politique monétaire de cette semaine devrait “être un non-évènement, (…) la publication le 12 février du rapport (trimestriel) sur l’inflation devrait attirer plus l’attention”, a prévenu Jane Foley, économiste chez Rabobank.

“Taux de chômage bientôt sous le seuil de 7%”

“Avec un taux de chômage qui devrait bientôt tomber sous le seuil de 7%, le CPM va préparer le terrain à une disparition de ses orientations monétaires, au moins dans leur forme actuelle” mais il faudra sûrement attendre le rapport de la semaine prochaine pour connaître les nouveaux objectifs de la BoE, a expliqué Martin Beck, économiste chez Capital Economics.

Le Canadien Mark Carney avait quelque peu ébranlé la “Vieille dame” de Threadneedle Street, comme est surnommée la banque centrale, à peine un mois après avoir remplacé à sa tête le plus traditionnel Mervyn King, en mettant en place en août des objectifs intermédiaires et une trajectoire pour l’évolution du taux d’intérêt directeur au Royaume-Uni.

La BoE avait ainsi conditionné toute réflexion sur un éventuel resserrement monétaire, qui passera dans un premier temps par une hausse de son taux d’intérêt directeur. M. Carney a en effet déjà indiqué que la banque centrale ne devrait pas chercher à se désengager de son programme de rachats d’actifs avant une hausse de taux.

Mais depuis cet été, la décrue du chômage s’est accélérée, le taux refluant bien plus rapidement qu’anticipé par l’institution, qui a déjà dû revoir sa copie: en novembre, la BoE ciblait un retour à 7% dès le troisième trimestre 2015 contre l’estimation initiale d’avant mi-2016.

Mais selon les derniers chiffres disponibles, le taux de chômage au Royaume-Uni a encore fortement diminué à 7,1% fin novembre, grâce à la vigoureuse reprise économique, alors qu’il s’inscrivait encore à 7,4% fin octobre.

“La rapidité de la baisse du chômage implique que le CPM va sûrement avancer une nouvelle fois la date à laquelle il s’attend à ce que le taux tombe à 7%, probablement au premier trimestre 2014”, a estimé Martin Beck.

Pour lui, la BoE ne devrait pas abaisser son objectif pour le taux de chômage mais plutôt “se concentrer sur un éventail plus large d’indicateurs sur le marché du travail”, comprenant notamment la productivité et le temps de travail hebdomadaire.

Et comme l’a souligné Mark Carney fin janvier, “même si le chômage se replie plus vite que prévu, la reprise a encore du chemin à parcourir avant qu’il ne soit approprié de penser à s’éloigner de la politique monétaire d’urgence” ultra-accommodante actuellement en place.

Le taux directeur de la BoE devrait ainsi rester figé à 0,50% au moins jusqu’au deuxième trimestre 2015, a estimé Howard Archer.