Chili : le développement économique menace le patrimoine de Valparaiso

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Vue du port de Valparaiso, le 14 janvier 2014 (Photo : Claudio Reyes)

[25/01/2014 14:41:27] Valparaíso (Chili) (AFP) A Valparaiso, port chilien inscrit au patrimoine de l’Humanité célèbre pour sa multitude de maisons colorées édifiées sur plus de 40 collines, certains craignent que l’urbanisme ne menace un label Unesco acquis il y a une décennie.

Au pied du centre-ville, au bord de l’océan Pacifique, la construction d’un grand centre commercial divise les habitants de l’ancien principal port du Chili, situé à 120 km à l’ouest de Santiago.

Certains redoutent que ce projet ne gâche l’image de la plus fameuse carte postale du pays et mette en péril le label accordé par l’Unesco en 2003. Mais d’autres sont convaincus que la ville en déclin a besoin d’un essor économique.

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Street-art dans les rues de Valparaiso, le 14 janvier 2014 (Photo : Claudio Reyes)

Sur le quai Baron, tout un secteur est clos par des panneaux de bois. Les travaux, entamés il y a quelques mois, sont aujourd’hui paralysés à la suite d’une décision de justice mettant en cause le manque d’études archéologiques.

En novembre, une mission de l’Unesco est venue inspecter le centre historique, afin d’estimer son état de conservation et d’analyser “les projets en cours”, notamment celui du quai Baron, et leurs éventuelles conséquences sur le patrimoine, a indiqué l’Unesco à l’AFP.

Un rapport devrait être présenté prochainement, comprenant “des recommandations” destinées à éviter de mettre en péril le label, acquis en 2003.

“Valparaiso est une ville où il reste beaucoup à faire”, admet devant l’AFP le maire Jorge Castro, rappelant toutefois que le classement au patrimoine mondial a “seulement 10 ans” et qu”il y a une quantité de choses à faire” mais aussi “d’autres qui sont en cours et certaines quasiment terminées”.

“Je pense que ce que va relever le rapport final (de l’Unesco), c’est que nous avons fourni des efforts (…) et que nous avons essayé d’aller de l’avant dans une ville très complexe”, poursuit-il.

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Une ruelle de Valparaiso, le 14 janvier 2014 (Photo : Claudio Reyes)

La ville s’est enrichie de la première vague de mondialisation au XIXe siècle avant d’en être écartée. Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan.

Au XIXe siècle, des immigrants ont débarqué d’Europe pour s’inventer une nouvelle vie, faisant de la ville la plus cosmopolite d’un pays isolé.

Aujourd’hui, ce sont les touristes qui représentent sa principale richesse, attirés par les vestiges d’un passé glorieux mais révolu, le port ayant perdu de son attrait après l’ouverture du Canal de Panama, au début du XXe siècle.

Le chantier paralysé du centre commercial illustre le paradoxe de Valparaiso : elle est visitée par des milliers de touristes émerveillés par ses ruelles entrelacées, ses antiques funiculaires électriques ou à vapeur, ses petits escaliers nichés entre les maisons bigarrées, comme celle du poète Pablo Neruda. Mais elle souffre d’un niveau de pauvreté supérieur à la moyenne nationale, et a besoin de développement économique.

C’est ce qui fait l’attrait des 150 millions de dollars investis dans le projet de centre commercial, et les 4.000 emplois qu’il va créer, relève le maire Jorge Castro.

“Cette construction relève d’une vision très simpliste de la croissance de la ville”, critique pourtant l’économiste Camilo Vargas, opposant au projet.

“Nous pensons qu’il existe des choses plus importantes pour Valparaiso que ce +mall+, et qu’il y a d’autres zones de la ville, particulièrement à la périphérie, qui seraient plus indiquées pour l’installer”, ajoute M. Vargas.