Une route va relier l’océan Arctique au continent américain

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école à Iqaluit, au nord du Canada (Photo : Andre Forget)

[09/01/2014 10:54:30] Montréal (AFP) Le Canada a lancé mercredi la construction de la première route reliant l’océan Arctique au continent américain, ce qui devrait accélérer l’exploration pétrolière et gazière dans cette région désertique.

A plus de 2.000 km au nord de Vancouver, la métropole du littoral pacifique canadien, au-delà du cercle polaire, le Premier ministre conservateur Stephen Harper a inauguré ce chantier de 137 km de long.

D’une dizaine de mètres de large, la route la plus au nord du continent américain consistera en un remblais de deux mètres de haut déposé sur le pergélisol et surmonté d’une couche de graviers.

“Je suis immensément fier que l?investissement de notre gouvernement dans cette route tous temps, créatrice d?emplois, entre Inuvik et Tuktoyaktuk, permette de parcourir le Canada par voie terrestre pour la première fois d’une rive à l’autre des trois océans qui le baignent”, a dit M. Harper dans un communiqué.

Les travaux ne seront menés que l’hiver, le pergélisol (le sol gelé en permanence durant au moins deux ans) étant impraticable au dégel.

Il s’agit de l’aboutissement d’un vaste projet débuté dans les années 1960, lorsqu’un autre Premier ministre conservateur, John Diefenbaker, avait décidé la construction d’une route s’élançant de Dawson City, dans le territoire canadien du Yukon, non loin de la frontière avec l’Alaska, jusqu’à Inuvik, à quelque 740 km plus au nord-est.

“La route vers les matières premières”

La circulation est toutefois déjà possible jusqu’au village inuit de Tuktoyaktuk, sur les rives de l’océan Arctique, mais seulement d’octobre à avril, lorsqu’une route est dégagée sur la glace. Mais dès que les neiges fondent, Tuktoyaktuk est à nouveau uniquement accessible par air ou par mer.

En achevant le tracé, les autorités fédérales canadiennes, qui financeront les deux tiers des 300 millions de dollars que coûtera ce chantier, espèrent diminuer le coût de la vie de cette collectivité, y attirer les touristes, mais aussi faciliter l’exploration pétrolière et gazière dans la région.

Cette route permettra de transporter “de manière plus efficace les produits et les ressources du Nord vers les marchés du Sud”, a fait valoir le bureau du Premier ministre.

Le delta du fleuve Mackenzie, à l’ouest de Tuktoyaktuk, suscite en effet la convoitise avec plusieurs gisements de gaz et de pétrole recensés.

Le gouvernement de M. Harper, qui a fait de la défense de la souveraineté canadienne sur le Grand Nord un cheval de bataille, souhaite encourager l’exploitation des matières premières dans l’Arctique.

Le nouvelle route doit permettre à Ottawa “d?exercer la souveraineté canadienne en établissant une liaison permanente avec la côte arctique”, ont remarqué les services du Premier ministre.

En tout, le sous-sol de ce désert blanc pourrait contenir 22% des réserves mondiales d’hydrocarbures conventionnelles non découvertes, selon Washington.

Fin décembre, le géant de l’énergie russe Gazprom avait annoncé avoir commencé à extraire du pétrole depuis une plateforme en Arctique, une première.

Côté canadien, les poids lourds du secteur Imperial Oil Resources, Shell, ConocoPhillips et ExxonMobil veulent bâtir un oléoduc sur 1.200 km, depuis le delta du MacKenzie jusqu’en Alberta, coeur de l’industrie pétrolière canadienne.

Ce projet de 16 milliards de dollars a reçu les autorisations légales et les travaux devraient débuter en 2015. L’oléoduc pourrait acheminer 34 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour, pendant au moins 25 ans.

Les forages au large de la mer de Beaufort doivent débuter en 2020, soit deux ans après la fin projetée de la construction de la “road to resources” (la route vers les matières premières) comme la nomme la population locale.