Chômage, plans sociaux, “ras-le-bol fiscal” : pas de répit pour le gouvernement en 2013

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à Morlaix (Photo : Fred Tanneau)

[19/12/2013 17:27:04] Paris (AFP) Des Bonnets rouges dans les rues, un chômage toujours record, des plans sociaux d’ampleur, le dernier “A” qui s’en va et une contestation fiscale tous azimuts: le gouvernement n’aura pas réussi en 2013 à dissiper le malaise sur le front économique et social.

Première préoccupation des Français, le chômage, qui touche plus de 3 millions de personnes, est naturellement resté au premier plan. Il a ainsi fallu attendre octobre pour qu’après une hausse quasi ininterrompue depuis avril 2011, le nombre des demandeurs d’emploi sans activité baisse enfin.

Le président François Hollande qui avait répété ce credo toute l’année, y a vu le signe que l'”inversion de la courbe du chômage” était “amorcée”.

Pour que cette inversion soit durable, le gouvernement table notamment sur les emplois d’avenir (85.000 signés selon le dernier bilan) et les contrats de génération, dispositif lancé cette année.

Mais les économistes rappellent qu’environ 1,5% de croissance annuelle est nécessaire. Or on en est loin.

A peine remise des aveux de Jérôme Cahuzac sur son compte bancaire en Suisse, la France a en effet appris en mai qu’elle avait vécu un épisode de récession fin 2012 et début 2013.

Il a finalement laissé place à une timide reprise au deuxième trimestre, qui n’a pas empêché le retrait par l’agence Fitch du dernier AAA, en juillet.

Mais l’éclaircie a été de courte durée car ce rebond de 0,5% du produit intérieur brut avait des origines que plusieurs économistes qualifient d'”artificielles”, notamment grâce à un sursaut de la consommation énergétique dû à des températures anormalement fraîches au printemps.

Redevenue négative au troisième trimestre (-0,1%), la croissance était annoncée meilleure en fin d’année mais pourrait décevoir, les indicateurs étant pour l’instant peu favorables.

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çais (Photo : Philippe Huguen)

Au total, comme l’année dernière, la croissance devrait rester très proche de 0, ce qui explique que la commission européenne a donné jusqu’en 2015 pour réduire le déficit public à moins de 3% du PIB.

Parallèlement, 2013 a été marquée par un niveau”historiquement élevé” de faillites d’entreprises (62.500 défaillances, contre 60.500 en 2012, selon la Coface).

Mais ce sont surtout les plans sociaux et autres menaces sur l’emploi qui ont été spectaculaires: de l’annonce de la fermeture de l’usine de Goodyear Amiens-Nord (1.173 employés) à la faillite de Virgin (un millier de salariés), en passant par les dépôts de bilan de Mory Ducros (5.000 personnes) et de FagorBrandt (1.800).

L’année 2013 aura aussi été celle qui aura vu la dernière voiture sortir de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois avant sa fermeture, et l’arrêt définitif des hauts-fourneaux de Florange après 20 mois de lutte sociale.

Face à cette cascade de mauvaises nouvelles, le gouvernement espère que les entreprises s’appuieront sur sa loi de sécurisation de l’emploi, promulguée en juin.

Avec cette loi, fruit d’un accord entre les partenaires sociaux, “à chaque fois qu’une entreprise a des difficultés, elle doit les anticiper et engager une négociation avec les partenaires sociaux”, a rappelé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

Explosion sociale ?

Alors que le gouvernement aurait pu s’attendre à une contestation sociale de sa réforme des retraites, son adoption définitive est attendue le 18 décembre, sans avoir provoqué de grosse agitation.

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és de FagorBrandt manifestent à La Roche-sur-Yon le 14 novembre 2013 (Photo : Jean-Sébastien Evrard)

C’est en fait du côté fiscal qu’est venue la fronde. Les Français ont en effet découvert à leur retour de vacances sur leurs avis d’imposition l’ampleur des augmentations votées un an plus tôt. Aidée par un patronat revigoré par un nouveau président du Medef, Pierre Gattaz, l’opposition s’est engouffrée dans la brèche.

Bercy s’est alors retrouvé dans la position délicate de préparer un budget 2014 en plein débat sur l’impôt. Cela a donné un projet largement dominé par des économies de dépenses (15 milliards).

Mais la grogne n’a pas cessé pour autant, car c’est plus de 10 milliards d’euros que les ménages devront débourser en plus au profit des entreprises.

Celles-ci doivent en effet bénéficier du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), une baisse de 4% des cotisations sociales, financée par une augmentation de la TVA.

Cette hausse qui doit intervenir au 1er janvier a provoqué une série de mouvements de protestation, tant des hôteliers que des clubs hippiques ou des horticulteurs. Dans le même temps, le gouvernement a dû également trouver une issue au débat sur la libéralisation du travail du dimanche qui agitait les magasins de bricolage et la sphère politique.

Mais ce sont surtout les “Bonnets rouges” bretons qui ont occupé la place, furieux de la mise en place prévue d’une écotaxe, votée en 2010 et depuis suspendue. A ces problématiques fiscales se sont agrégées des problématiques d’emploi préoccupant autant patrons que salariés et plaçant les syndicats dans l’embarras.

La CGT et la CFDT ont pris leurs distances avec les Bonnets rouges. Et face à la menace”populiste”, leurs dirigeants nouvellement élus, Thierry Lepaon et Laurent Berger, ont décidé d’opérer un rapprochement.

Cette amorce d’union pourrait devenir cruciale si l’explosion sociale redoutée par 76% des Français selon un sondage Ifop se concrétisait.

Une autre enquête (CSA), tout aussi alarmiste, montre que deux Français sur trois jugent la crise économique sans précédent et qu’il sera “difficile d?en sortir sans réformer en profondeur”.

Reste à savoir si la “remise à plat fiscale” annoncée à grand bruit par M. Ayrault il y a quinze jours, contribuera à l’apaisement.