Foot : les Bleus au Brésil, une éclaircie ponctuelle dans la sinistrose

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ésil, au Stade de France près de Paris,le 19 novembre 2013 (Photo : Franck Fife)

[20/11/2013 18:36:17] Paris (France) (AFP) Bonne affaire pour les médias ou certains tour-opérateurs, la qualification des Bleus pour le Mondial brésilien peut offrir une éclaircie dans la sinistrose mais son impact sera nul pour l’économie française, selon les analystes interrogés mercredi par l’AFP.

Si une élimination “aurait alourdi le climat, ce n’est pas une qualification qui va permettre de redorer l’économie française”, résume Marc Touati, du cabinet ACDEFI.

Le ticket pour le Mondial brésilien vaillamment décroché par la France mardi lors du barrage retour contre l’Ukraine peut avoir “un petit impact temporaire sur le moral des ménages, mais la réalité française reste la même, avec un chômage très élevé, une croissance atone, une pression fiscale très forte”, poursuit-il.

Il prévoit “peut-être un petit répit pour le gouvernement, qui va durer quelques jours, mais ça ne va pas changer la face de l’économie française”.

Même son de cloche pour Pascal Perri, consultant économique de RMC Sports. Selon lui, la victoire des hommes de Didier Deschamps contre l’Ukraine “crée un climat favorable, un peu de confiance, mais ce n’est pas ce qui va changer radicalement les conditions de revenus des Français”.

TF1 surfe sur la victoire

“Il ne faut pas compter sur cette qualification pour changer la donne économique, la donne sociale et le climat de perte de confiance”, abonde Philippe Villemus, professeur-chercheur d’économie à Sup de Co Montpellier.

Nicolas Bouzou, du cabinet Asteres, ne voit lui non plus “aucun impact macroéconomique” dans la qualification des Bleus, le moral des ménages n’ayant “pas de corrélation avec la consommation des ménages”.

Les seules retombées éventuelles portent, selon lui, “sur la fréquentation des stades, le budget de la Fédération de football et la situation économique des media”.

“On va peut-être vendre plus de t-shirts de l’équipe de France, TF1 va gagner un peu plus de recettes publicitaires”, reconnaît aussi Marc Touati.

Le titre du groupe de médias, qui a déboursé la somme astronomique de 130 millions d’euros pour acquérir les droits du Mondial-2014, s’est envolé mercredi à la Bourse de Paris, gagnant plus de 5% dans un CAC 40 en faible hausse de 0,17% à 16h30.

La chaîne, qui a réuni en moyenne 13,5 millions de téléspectateurs mardi soir – un record depuis 1993 pour un match de qualification- n’était pas la seule à profiter de la victoire de l’équipe de France.

“Depuis ce matin, on a eu une cinquantaine de demandes de devis et on est passé en une matinée à 5.000 abonnés à notre Newsletter sur la Coupe du monde, contre 3.000 avant”, a indiqué à l’AFP Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

Le foot et la “croissance fantasmée”

Le spécialiste du voyage sur mesure, qui avec le groupe ASO (Amaury, L’Equipe…) détient les droits exclusifs de distribution en France des billets pour les matchs du Mondial 2014, pense franchir les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires avec le Mondial.

Mais que le sport le plus populaire de la planète produise, grâce au Mondial, de la croissance pour des économies autres que celle du pays organisateur relève pour les experts du pur “mythe”, ou de la “croissance fantasmée”.

“Si le football créait de la croissance, l’Espagne serait le pays le plus riche d’Europe”, ironise M. Perri, en allusion à la “Roja”, la sélection ibère qui a enchaîné un triplé historique Euro-Mondial-Euro en 2008-2010-2012, au pire de la crise pour le pays.

Il n’empêche que l’effet négatif qu’aurait eu une disqualification des Bleus sur le climat économique français a été évalué par Philippe Villemus à “environ 500 millions d’euros pour l’ensemble des acteurs”, à savoir “pour la fédération française de foot, pour les produits dérivés, pour TF1, pour la presse en général”.

Une absence des Bleus au Mondial aurait entraîné pour TF1 un manque à gagner de l’ordre de 10 millions d’euros en termes de recette publicitaires, chiffre de son côté un analyste parisien sous couvert d’anonymat.