Economie : Des experts proposent des réformes dans certains secteurs

Par : TAP

cereal-tunisie.jpgDes propositions de réformes dans les secteurs des marchés publics et collectivités locales, de l’habitation et des céréales ont été avancées, mercredi, par des experts, lors d’une table ronde organisée à Tunis par le CTEE (Centre de réflexion sur des thématiques économiques stratégiques, section de l’Institut arabe des chefs d’entreprise).

Le choix de ces secteurs est motivé par leur impact sur la croissance économique et le budget de l’Etat, a indiqué Mohamed Lajmi, président du CTEE.

Le secteur des marchés publics, trop centralisé

Pour le secteur des marchés publics et collectivités locales, qui représente 13% du PIB et plus de 40% du budget de l’Etat, les principales problématiques évoquées s’articulent autour de la forte centralisation de la prise de décisions, la lenteur des procédures administratives et de passation, la complexité du cadre réglementaire et la prédominance de la logique du choix des produits de moindre qualité, a souligné Mustapha Ben Letaif, universitaire.

L’expert a appelé à la révision du dispositif réglementaire en place voire son remplacement par un nouveau code prônant la décentralisation, de manière à garantir l’indépendance des collectivités locales par rapport au pouvoir central et d’assurer leur autonomie financière.

M. Ben Letaif a, en outre, recommandé de dématérialiser les procédures relatives aux marchés publics à des fins de réduction des coûts et d’allègement des procédures, en plus du rétrécissement des délais.

Autre proposition avancée par l’expert: la mise en place d’une centrale d’achat, soit un organisme regroupant les commandes de fournitures et de services d’un ensemble d’acteurs destinés à des acheteurs publics.

La situation de la filière céréalière…

La Tunisie a réussi à atteindre la sécurité alimentaire à des coûts particulièrement élevés en termes de déficit externe et interne, a estimé Mohamed Salah Bachta, universitaire agronome.

Il a expliqué que les importations des produits céréaliers représentent 30% du total des importations des produits agricoles et alimentaires et que la part des céréales et dérivés dans la caisse générale de compensation (CGC) est de l’ordre de 5%.

«Outre ces facteurs, on assiste depuis 2007 à une volatilité des cours des céréales sur le marché mondial, ce qui rend le budget de l’Etat dépendant des prix internationaux», a-t-il déclaré à TAP. «Une telle situation ne peut plus perdurer et n’est plus soutenable», selon ses dires.

Il y a donc lieu, suggère-t-il, de mobiliser davantage le potentiel productif de la Tunisie, de revoir la politique de régulation des prix des céréales et de faire fonctionner les fondamentaux du marché de manière à réduire les fluctuations des revenus des agriculteurs.

L’expert préconise, en plus, de mieux gérer les différents maillons de la filière des céréales à travers la conception des rémunérations des différents acteurs en fonction de la qualité des services qu’ils fournissent.

Habitation…

Au vu de la conjoncture actuelle marquée par la l’accroissement de la contrebande des matériaux de construction et la montée en flèche des prix de l’immobilier, outre les dispositions prévues dans le cadre du projet de loi de finances 2014, le secteur de l’habitation doit faire l’objet de réformes à même de le protéger et l’encourager, a souligné Anis Abidi, expert en habitat.

Il a proposé de mieux organiser les relations entre les différents intervenants dans le secteur, de protéger ce dernier contre les intrus avec pour corollaire une atténuation des pratiques de spéculation au niveau des prix de l’immobilier, outre le renforcement de la formation de la main d’œuvre dans ce domaine.

Par ailleurs, il a appelé à contrer l’accroissement de la contrebande des matériaux de construction et à renforcer le contrôle en la matière.

M. Abidi a, également, mis en garde contre les dangers d’une éventuelle entrée en vigueur de la mesure prévue dans le cadre du projet de loi de finances 2014, portant sur la soumission de la propriété foncière à une taxe de 1,5% par an, à l’exception de la résidence principale.

Cette mesure, a-t-il dit, serait à l’origine de la réticence des tunisiens à acheter des biens immobiliers ce qui va accroître le nombre des logements vacants, estimés actuellement à 400.000. Cette situation va affecter le recouvrement des promoteurs immobiliers et également celui des banques et nuire au secteur, qui représente 7% du PIB, soit un taux proche de celui du secteur touristique, selon ses propos.

Il a enfin proposé la création d’un conseil supérieur de l’habitat regroupant les différents intervenants (administration, société civile, associations…) en vue de concevoir des stratégies nationales de moyen et long termes dans le secteur de l’habitat.