Tunisie-UE : Conclusions de l’étude d’impact de l’ALECA sur les économies tunisienne et européennes (2/2)

tunisie-ue-aleca.jpgOutre un effet positif significatif sur le revenu national des deux partenaires commerciaux, plus important pour la Tunisie en valeur absolue, la conclusion d’un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne aurait pour le plus petit des pays du Maghreb, d’après le Rapport Technique Intérimaire du bureau d’études Ecorys (chargé par Bruxelles d’analyser l’impact d’un tel accord sur les économies des deux parties), des effets positifs pour certains secteurs -huiles végétales, fruits et légumes– et négatives pour d’autres –notamment celui des services, à l’exception du commerce.

L’ALECA aurait également un impact sur les plans social et environnemental.

Sur le plan social, les implications de l’ALECA seront principalement déterminées par les changements dans les prix à la consommation des produits et les salaires, la création d’emplois et le déplacement d’emplois entre les secteurs. L’autre impact important de l’ALECA concernerait les politiques intérieures et les encouragements extérieurs en vue de favoriser l’agenda de l’emploi décent.

Une analyse plus détaillée démontre une augmentation du revenu disponible pour tous les groupes de revenu, mais les gains pour la couche la plus riche de la population sont quelque peu plus élevés (7,8%) que pour la plus pauvre (6,5%). Et bien que ces chiffres suggèrent que l’inégalité augmenterait comme conséquence de l’ALECA, cette augmentation est marginale.

Du fait de ces changements dans le revenu disponible, la pauvreté devrait également baisser. Toutefois, les gens qui sont juste au-dessus du seuil de pauvreté sont la catégorie la plus à risque du fait que la progression du revenu disponible est due principalement à une augmentation des salaires, alors que les prix à la consommation croissent également. La réallocation entre les secteurs en termes d’emploi pourrait être difficile pour certains (les plus vulnérables en particulier) groupes.

En ce qui concerne les droits de l’homme, l’ALECA devrait affecter principalement les droits économiques et sociaux, mais pas culturels, civils ou politiques.

Dans le domaine environnemental, l’ALECA devrait avoir des conséquences à la fois positives et négatives, mais l’effet global est difficile à prédire. Dans certains secteurs ayant un impact sur la situation de l’environnement en Tunisie –dans certains secteurs industriels, comme le textile-, les répercussions de l’ALECA seront probablement positives. A l’opposé, la production globale des secteurs agricoles (tirée par l’augmentation de la production de légumes et d’huiles végétales) connaîtra probablement une faible progression qui augmentera la demande (irrigation) pour des ressources hydrauliques déjà rares.

La mise en œuvre de l’ALECA entraînerait la baisse de certaines émissions de gaz (Nox, Sox) et augmenterait celle des particules de moteurs, à cause principalement de certains secteurs industriels comme l’énergie primaire, le textile, le cuir, la chimie et le transport.

Ailleurs –déchets, biodiversité et économie verte-, l’impact de l’ALECA aurait probablement des effets mitigés ou faibles. Pour ce qui est de l’eau, la pression environnementale devrait augmenter du fait de cet accord. Cela est dû principalement au fait que 80% de l’eau en Tunisie est utilisée pour l’irrigation et les produits agricoles qui devraient connaître la plus croissance la plus significative du fait de l’ALECA.

Etant donné que la Tunisie connaît des pénuries d’eau de plus en plus sévères, et que la qualité de l’eau pose également problème, c’est là un risque sérieux.