Le G20 tente de s’accorder sur la priorité à la croissance

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à Moscou (Photo : KIRILL KUDRYAVTSEV)

[20/07/2013 09:12:04] Moscou (AFP) Les grandes puissances du G20 négociaient samedi à Moscou pour s’accorder sur la nécessité d’en faire plus pour stimuler une croissance mondiale à la peine, sur fond de contestation grandissante des politiques d’austérité.

Réunis pour la dernière fois avant le sommet des chefs d’Etat début septembre à Saint-Pétersbourg, les ministres des Finances et banquiers centraux des grands pays riches et émergents doivent publier un communiqué vers 11H30 GMT.

Vendredi soir, le ministre français des Finances a reconnu qu’il n’y avait pas de consensus “spontané” sur l’équilibre à trouver entre réduction des déficits publics et soutien à l’activité économique et que les résultats du G20 en termes de croissance étaient pour l’instant “insuffisants”.

“Bien sûr, la réduction des déficits est un objectif de moyen terme (…) mais en même temps la priorité de court terme c’est la croissance, la croissance, la croissance”, a martelé Pierre Moscovici.

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ère-plan Christine Lagarde, directrice du FMI, le 20 juillet à Moscou (Photo : KIRILL KUDRYAVTSEV)

Vendredi, le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a demandé aux Européens de revoir leur politique d’austérité et d’en faire plus pour la croissance et l’emploi.

Les ministres du Travail du G20, réunis pour la première fois en même temps que leurs collègues des Finances, ont fait le “constat partagé” que “ces mesures de lutte contre la crise financière ont eu des effets considérables sur le marché de l?emploi”, selon le ministre français du Travail Michel Sapin.

Mais l’Allemagne continue d’insister sur l’importance des réductions des dettes publiques.

Le communiqué final du G20 ne fixera pas d’objectif chiffré de réduction des dettes et déficits publics, selon Pierre Moscovici: “On n’est pas dans cette démarche là (…) La priorité du G20, c’est la croissance”.

Financement des investissements

Le ministre russe des Finances Anton Silouanov a en revanche indiqué que la déclaration finale mentionnerait l’importance d’un “niveau élevé de financement à long terme des investissements” et que le G20 se donnait comme tâche d’identifier d’ici à 2015 de nouveaux moyens de les financer.

La question des investissements est cruciale pour les pays émergents, dont le ralentissement actuel inquiète la planète. Le FMI a abaissé début juillet ses prévisions de croissance pour la Chine, le Brésil et la Russie, moteurs de l’économie mondiale ces dernières années.

Les négociateurs des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) se sont d’ailleurs réunis en marge du G20 pour évoquer, entre autres, la future création de leur banque de développement, chargée de financer notamment des infrastructures.

Ces pays, outre un certain essoufflement, subissent les répercussions de la politique de la banque centrale des Etats-Unis.

La Réserve fédérale inonde depuis plusieurs années le système financier de liquidités, réinvesties massivement dans les marchés émergents où les rendements sont plus élevés.

Mais la fin annoncée de cette politique de soutien à l’activité a provoqué d’importants retraits de capitaux des économies en développement, ébranlant leurs marchés financiers et pesant sur leurs devises.

Russie et Brésil ont réclamé davantage de visibilité et une communication plus claire sur le sujet, qui a figuré au menu du dîner des ministres vendredi soir.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a assuré cette semaine que l’institution ne réduirait son soutien à l’économie uniquement quand elle jugerait la reprise suffisamment solide.

Les grandes puissances ont également cherché à afficher leurs progrès dans les grands chantiers du G20, comme la régulation financière et la moralisation fiscale.

L’organisation des pays riches OCDE a proposé vendredi un “plan d’action” en quinze mesures pour s’attaquer aux multinationales, notamment dans le secteur numérique, qui échappent à l’impôt par des stratégies fiscales complexes.

Samedi, l’organisation a en outre appelé le G20 à valider l’avancement de ses travaux sur l’évasion fiscale, en intensifiant les échanges d’informations entre administrations.