En Espagne, la police travaille… sur Twitter

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à rechercher des criminels, le 31 mai 2013 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[13/06/2013 08:00:42] MADRID (AFP) Pédophilie, trafic de drogue, fraude: la police espagnole a fait de Twitter un allié pour lutter contre la délinquance et faire passer ses messages, son compte Twitter, avec plus de 500.000 abonnés, étant l’un des plus suivis pour une police après celui du FBI américain.

Grâce à des appels à témoins lancés sur twitter, la police assure avoir arrêté près de 300 personnes dans des affaires de trafic de drogue, depuis début 2012.

Le secret? Un ton volontairement décalé et direct pour s’adresser à la population. “Si vous connaissez quelqu’un, un groupe de trafiquants de drogue, ou des lieux de trafic, dites-le nous à antidroga@policia.es#CONFIDENTIAL, et on les chopera”, lance la police dans un tweet.

Un autre message prévient: “Ces #Gintonic cool avec des fruits, légumes et fleurs… On paie mais c’est si tendance! Fais gaffe: si tu conduis après en avoir bu, tu vas le payer très cher”.

Tout est bien calculé: ces appels et conseils au langage “geek” sont distillés surtout le soir, quand le public de Twitter est le plus large.

“On essaie de ne pas être trop ennuyeux ou trop institutionnel, de ne pas trop nous regarder le nombril, car sinon les gens y perdront intérêt”, explique Carlos Fernandez Guerra, responsable de cette équipe de six jeunes officiers diplômés en psychologie ou en sociologie qui alimentent les comptes de la police sur les réseaux sociaux.

Les internautes “nous apportent plein d’informations très utiles” et parfois, ce sont même eux qui déclenchent des opérations, ajoute cet officier de 39 ans en s’asseyant derrière son bureau, armé de son iphone et de sa tablette ipad.

“Par exemple, récemment, on nous a signalé à travers Twitter un cas de pornographie infantile. On a reçu plusieurs avis sur une vidéo circulant sur le web, à caractère sexuel et dans laquelle apparaissaient des mineurs. Une fois les auteurs identifiés, plusieurs personnes ont été arrêtées”, explique Elisa Rebolo, un membre de l’équipe, les cheveux montés en queue de cheval sur son uniforme.

La police a ouvert un compte Twitter depuis 2009, surtout pour la presse, mais le nombre d’abonnés a explosé depuis janvier 2012, lorsque les responsables ont décidé de s’adresser directement au public.

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éseaux sociaux de la police espagnole, Carlos Fernandez Guerra, dans son bureau à Madrid (Photo : Dominique Faget)

Le compte de la police a désormais plus de 500.000 abonnés, soit l’un des plus suivis au monde, derrière le FBI qui affiche 618.000 followers.

Cela “a bouleversé totalement les méthodes de la police espagnole et d’autres polices dans le monde qui nous ont pris comme référence”, assure Carlos Fernandez Guerra, ajoutant que des représentants d’Amérique latine, de Corée du Sud, de Tunisie et du Maroc, sont venus apprendre de l’expérience espagnole.

“A quoi est parvenue la police avec son compte twitter? Sans aucun doute à un pouvoir d’influence que la police n’avait jamais eu, à une capacité d’atteindre la population qu’elle n’avait jamais eue et à se donner une nouvelle image”, analyse Enrique Dans, professeur de systèmes d’information à l’IE Business School

“Cela conduit même les gens à collaborer, car ils voient la police comme plus proche, plus amicale”, ajoute-t-il.

En 2012, la police a demandé par tweet l’aide de la population pour retrouver un homme de nationalité chinoise qui était soupçonné d’avoir poignardé à mort une famille de quatre personnes en Angleterre et d’avoir fui en Espagne. Le message fut transféré plus de 5.000 fois, soit le troisième message le plus retweeté de la police espagnole.

L’homme, Anxiung Du, fut finalement arrêté au Maroc et extradé vers la Grande-Bretagne où il doit être jugé cette année.

Au-delà, les réseaux sociaux ont permis un contact plus direct avec la population qui utilise les tweets privés pour poser des questions, explique Elisa Rebolo.

“Nous avons surtout des questions de parents inquiets de la sécurité de leurs enfants sur internet, beaucoup d’interrogations sur ce qui est illégal et légal sur internet”, dit-elle. Une façon encore pour la police de donner une image moins répressive et plus sociale.