Tunisie – Sociétés de collecte de fonds : L’escroquerie tolérée!

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Elles sont déjà quatre sociétés opérant dans la collecte des fonds en toute impunité, sans avoir l’agrément de la Banque centrale, répertoriées par les services gouvernementaux. Yosr Développement, Byrsa Développement, Casus-Invest et Next International business Compagny. C’est le système de Ponzi, développé par le tristement célèbre américain Madoff qui fait rage dans cette Tunisie post-14 janvier où est devenu permis l’illicite qui a mué vers le licite et l’interdit autorisé.

Le système de Ponzi, rappelons-le, est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Aujourd’hui, il sévit dans notre pays.

Le laxisme du gouvernement, quant à ces nouvelles formes d’arnaques, irait-il jusqu’à ruiner les structures et établissements financiers nationaux? Une hypothèse qui n’est pas à écarter au vu des allers/retours des courriers officiels entre la BCT et le ministère des Finances, et qui ne se traduisent pas sur le terrain par des décisions visant à y mettre fin.

Les sociétés pratiquant illégalement la collecte des fonds, et allant jusqu’à promettre à leurs clients de multiplier et même tripler leurs mises initiales, ont continué à prospérer au vu et au su des pouvoirs publics alors que leurs actes portent un seul nom: «escroquerie».

La Banque centrale a pourtant voulu assurer son rôle de protecteur, contrôleur et régulateur du secteur financier. Adossée à une ordonnance du juge du 7ème bureau du pôle judiciaire, fondée sur l’article 14 de la loi de juillet 2001-65 relative aux établissements de crédit et l’autorisant à proposer au ministère des Finances -après audition- la liquidation de toute entreprise qui exerce les opérations bancaires sans agrément et lui désigner un liquidateur, la BCT a vu son initiative repoussée. D’après des sources bien informées, le ministère des Finances lui aurait rétorqué que le ministre ne peut approuver la liquidation d’une société sans l’obtention d’un jugement de liquidation. Pourtant, la loi le stipule tout comme la recommandation du juge du pôle judiciaire.

Pour les experts soucieux de la bonne gouvernance du secteur financier, cela s’appelle un renvoi de balle entre ministère de la Justice et celui des Finances et permet à ces personnes d’échapper à la loi en refusant d’assumer toute responsabilité ou décision touchant les responsables.

Elyes Fakhfakh veut s’occuper d’abord de la “corruption“

A qui profite le crime? S’agissant bien de délits criminels et de violations de la loi dont sont victimes citoyens et système financier, Elyes Fakhfakh possède peut-être la réponse…

Car le ministre des Finances, faute de lutter contre ces nouvelles formes de délits financiers, se sent muni d’une autre mission. Une mission qui consiste à «assainir» la Tunisie, dans la continuité d’une propagande électorale initiée par ses confrères du CPR (Congrès pour la République), de «tous ces “prétendus’’ hommes d’affaires corrompus et de les dessaisir de leurs biens» au risque de fragiliser encore l’économie. Jusqu’à aujourd’hui, les dossiers des confiscations et des entreprises touchées par les décisions de justice seraient prioritaires et en suspens… A n’y rien comprendre…

Le ministre de la Justice est, pour sa part, dans l’attentisme. Lui, que le background universitaire prédisposait à donner des leçons sur l’impératif du respect et de la suprématie de la loi, préfère s’inscrire aux abonnés absents…

Pendant ce temps, et en seulement deux années, la société Yosr Développement aurait collecter 30 MDT; Casus Investment a fait mieux en une année, elle aurait ramassé 20 MDT; la Next-Invest 2,5 MDT en tout juste 3 mois. Hallucinant ! Lorsque les banques conventionnelles, en manque de liquidités, sont régulièrement approvisionnées par la BCT…

Un fléau difficile à éradiquer…

Le gérant de Yosr Développement (AD), mis aux arrêts, a très vite été relaxé suite à la pression de ses «clients» qui avaient manifesté devant le pôle judiciaire. La formule selon laquelle le «droit ne protège pas les imbéciles» n’est plus d’usage, et tout autant le principe selon lequel tout responsable d’un fait délictueux doit être sanctionné…

Pire, les nouveaux acteurs d’un nouveau mode de malversations poussent le vice jusqu’à défier la loi. AD aurait même lancé une action promotionnelle accordant des taux beaucoup plus importants à ses clients espérant gagner plus d’argent et, bien entendu, lui-même soucieux de se faire un joli pactole.

Pour les experts aussi bien gouvernementaux que privés «ces sociétés constituent un mal et un danger qui doivent être jugulés au plus tôt». Plus le temps passe, plus il serait difficile d’arrêter ce fléau», assurent-ils. Et ils ont bien raison. La démonstration faite par Yosr Développement en a été la plus grande preuve, la relaxe rapide de son gérant sous la pression de ses clients, dont le nombre s’élèverait à plus de 50.000, témoigne de la vitesse de propagation d’un tel phénomène qui peut même menacer la paix sociale.

Et alors que le pays est sens dessus/dessous à cause des opérations de corruption et de malversation perpétrées sous l’ancien régime, alors que des juges, des experts-comptables et des spécialistes des montages financiers, sont mobilisés pour en expliquer le pourquoi et le comment. Alors que certaines personnes sont emprisonnées, malmenées ou interdites de voyage parce que tout juste soupçonnées d’avoir profité -pour la réalisation de leurs projets- d’un coup de pouce de la part de l’Administration ou de leurs connaissances haut placées du temps de Ben Ali, la Tunisie post-14 janvier, elle, tolère la présence dans ses murs d’escrocs, contrebandiers, fraudeurs et passeurs défiant la loi et opérant en plein jour sans être aucunement inquiétés! Nous avions pourtant cru…

Le monde à l’envers !