Déficits, impôts : les choix du gouvernement sur le grill à l’Assemblée

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ée nationale le 23 avril 2013 (Photo : Martin Bureau)

[23/04/2013 18:34:34] PARIS (AFP) Le rythme de réduction des déficits d’ici la fin du quinquennat, contesté par une partie de la gauche, et les hausses d’impôts prévues en 2014, dénoncées par la droite, ont nourri mardi un débat à l’Assemblée nationale, suivi d’un vote en début de soirée.

Dans son “programme de stabilité” 2013-2017, le gouvernement, qui acte une reprise plus lente que prévu, prévoit que la croissance reprenne “progressivement au cours de 2013”, permettant notamment un recul du taux de chômage dès le dernier trimestre.

Le document confirme le dérapage des déficits en 2013, à 3,7% du PIB, et rappelle que Paris a demandé un délai pour revenir sous les 3% autorisés par les traités européens. Il prévoit de ramener le déficit budgétaire à 2,9% du PIB en 2014 et 0,7% en 2017.

Evoquant un contexte de “lourd héritage” après dix ans de droite et de crise persistante dans la zone euro, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a insisté sur “le bon rythme pour remettre en ordre nos comptes”, face au débat, qui traverse même le gouvernement, sur les risques d’une politique d’austérité.

Les choix “sérieux et responsables (…) refusent l’austérité dont les Français ne veulent pas” et prévoient un redressement en trois temps “respectant justice sociale et efficacité économique”, de sorte qu’en 2013, un “ajustement aura lieu pour ne pas briser la croissance”, a-t-il dit.

Il a affirmé que “le redressement des comptes publics et le redressement productif (étaient) les deux faces d’une même médaille”, en allusion à son collègue Arnaud Montebourg, qui a tenu récemment des propos anti-austérité.

Dans un message implicite notamment à l’aile gauche du PS, le ministre Budget Bernard Cazeneuve a assuré mardi sur RTL qu'”une autre politique qui ferait fi de la nécessité de redresser les comptes publics nous conduirait directement dans le mur” avec notamment un risque d’attaques spéculatives.

Les deux ministres ont défendu les objectifs “volontaristes” de retour à la croissance et de réduction des déficits, déjà contestés par les économistes.

Annonçant un “vote de confiance” des socialistes face à des “choix ambitieux et responsables”, le président des députés PS Bruno Le Roux a défendu une ligne de crête où il n’y a “ni dérive des finances publiques irresponsable ni austérité destructrice”.

Alors que l’aile gauche du PS a proposé un plan de relance écologique et social pour la France et pour l’Europe, Henri Emmanuelli a pronostiqué à la mi-journée que “tout le monde au groupe PS va voter pour le texte parce que c’est un document budgétaire, mais certains n’en pensent pas moins et il y aura des discussions dans les prochains mois”.

Les trois députés MRC ont choisi l’abstention.

Si la majorité des députés écologistes voteront pour, quelques-uns voteront contre. Eva Sas a insisté sur l'”inquiétude” des écologistes face à des prévisions de croissance “fort optimistes” et à “une contraction budgétaire qui reste très soutenue”.

Le Front de gauche votera contre ce “tour de vis dans une vis sans fin” incarnant une politique d’austérité nocive, a déclaré Nicolas Sansu.

L’UMP votera aussi contre, reprochant au gouvernement d’avoir abandonné l’objectif de retour à l’équilibre budgétaire en 2017, d’avoir prévu des “kyrielles de prélèvements nouveaux” en 2014, mais aussi de rester trop timide et trop flou sur la réduction des dépenses.

Pour “le redressement des finances publiques, vous n’êtes monsieur le ministre ni pratiquant ni croyant”, a lancé Hervé Mariton.

“Vous refusez l’austérité pour plaire à votre majorité, vous n’assumez pas même la rigueur, vous serez conduits soit au dérapage avec votre politique soit à l’austérité contrainte parce que l’Europe vous y conduira”, a-t-il poursuivi.

L’ex-ministre du Budget Valérie Pécresse a qualifié le programme de “trompe-l’oeil” et réclamé un projet de budget rectificatif pour tenir compte des prévisions modifiées de croissance et de déficits.

Autre grief de l’UMP: une poursuite du “matraquage fiscal”, alors qu’un “effort important sera encore nécessaire” en 2014 au vu du programme gouvernemental, qui promet de le porter à 70% sur des économies de dépenses et à 30% sur les recettes, à l’inverse de 2013.