GDF Suez s’écroule en Bourse après une dégradation de ses perspectives

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érard Mestrallet, le 6 décembre 2012 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[06/12/2012 17:18:16] PARIS (AFP) GDF Suez s’est écroulé jeudi à la Bourse de Paris, après avoir revu à la baisse ses perspectives à moyen terme, l’énergéticien hexagonal souffrant d’une conjoncture difficile et de ses bras de fer récurrents avec les gouvernements français et belge.

L’action du groupe, sanctionnée par les investisseurs, a chuté de 11,34% à 15,29 euros, subissant la plus forte baisse dans un CAC 40 en hausse de 0,31%. En début d’échanges, il a cédé jusqu’à 15,6%, s’effondrant à des niveaux jamais vus depuis la création du groupe en juillet 2008.

Fait relativement rare pour un groupe de cette taille, la cotation de GDF Suez a même dû être retardée de plusieurs minutes à l’ouverture de la Bourse jeudi, en raison d’un afflux excessif d’ordres de vente.

“Le marché s’inquiète du discours très prudent sur les prochaines années quant à l’évolution du marché du gaz et de l’énergie, suite à un ralentissement plus marqué que prévu du secteur”, a expliqué à l’AFP Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.

“La sanction du marché est toutefois très forte” et “une telle baisse en Bourse reste exceptionnelle”, a-t-il ajouté, alors que la valeur avait longtemps été considérée comme sans grand risque.

De son côté, Bank of America Merrill Lynch a abaissé sa recommandation sur l’action du groupe à “neutre”, contre “acheter” auparavant, du fait d’un objectif jugé prudent pour l’année prochaine et du manque de visibilité au-delà de 2013.

Economies mais pas de plan social

GDF Suez a dévoilé mercredi soir un vaste plan d’économies et de désendettement, pour faire face à une dégradation de son environnement, invoquant notamment la crise économique qui freine la demande d’énergie en Europe, et des pressions réglementaires (fiscalité accrue et tarifs du gaz limités en France, taxe sur le nucléaire et gel de tarifs en Belgique, réforme des quotas de CO2 en Europe…) de plus en plus lourdes.

L’énergéticien a confirmé ses objectifs pour 2012 et même promis de verser l’an prochain un dividende au titre de 2012 stable, mais il a prévenu que son bénéfice net hors exceptionnels reculerait pour s’établir entre 3,1 et 3,5 milliards en 2013 et en 2014. Et il n’attend pas de rebond avant 2015.

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ée générale des actionnaires, le 23 novembre 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le groupe veut dégager 3,5 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2015, principalement en taillant dans ses frais d’achat, en recentrant ses investissements dans les pays et secteurs les plus dynamiques, et en adaptant sa politique d’embauche. Pour autant, il n’a pas l’intention de lancer de plan social, a assuré jeudi son PDG Gérard Mestrallet, lors d’une conférence de presse.

Ce plan, qui s’accompagnera de 11 milliards d’euros de cessions d’actifs (et d’un relâchement des liens avec la filiale à 36% Suez Environnement, afin de sortir sa dette de son périmètre), prévoit en outre de ramener l’endettement autour de 30 milliards d’euros à fin 2014 contre 45 milliards fin septembre.

Enfin, l’énergéticien a chiffré jeudi à 185 millions d’euros depuis juillet son manque à gagner lié à la limitation des tarifs du gaz en France, et a dit attendre les annonces que le gouvernement fera à ce sujet lundi prochain.

De source gouvernementale, confirmant une information du Figaro, les tarifs réglementés du gaz devraient augmenter “de 2 à 3%” au 1er janvier, pour compenser la hausse insuffisante accordée au groupe en octobre, qui a été invalidée par le Conseil d’Etat la semaine dernière.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, interrogé jeudi sur RTL, n’avait pas confirmé ces chiffres, mais avait dit négocier avec GDF Suez sur ses contrats d’approvisionnement en gaz, indexés sur les cours du pétrole, “pour qu’on ne soit plus dépendants de ces contrats qui coûtent cher”.