Euro : la BCE devrait maintenir ses taux inchangés malgré la récession

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ège de la BCE à Francfort, en septembre 2012 (Photo : Johannes Eisele)

[06/12/2012 12:08:23] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE), qui réunissait son conseil des gouverneurs jeudi, devrait laisser son principal taux d’intérêt directeur inchangé malgré une économie qui peine à se redresser en zone euro.

“Nous n’attendons pas de changement de taux même si la décision risque de ne pas être unanime”, estime Marco Valli, chef économiste zone euro pour UniCredit.

Selon lui, certains gouverneurs pourraient bien se prononcer en faveur d’une baisse de ce taux à 0,50%, contre 0,75% actuellement, son niveau le plus bas historique auquel il a été porté en juillet.

L’entrée en récession de la zone euro au troisième trimestre comme un chômage à un niveau record (11,7% en octobre) le justifierait à leurs yeux.

Mais “la BCE semble toujours douter qu’une nouvelle baisse de taux puisse donner un coup de fouet à la croissance”, estime Carsten Brzeski, d’ING.

“A ce stade, seules les banques profiteraient d’une baisse de 0,25 point du taux d’intérêt (…) alors que l’impact sur l’économie réelle, s’il y en a un, serait très modeste”, juge Nikolaus Keis, de UniCredit.

Un constat nourri de la déception causée par la baisse de juillet, qui n’a pas contribué à un meilleur accès du crédit des entreprises dans les pays les plus en difficulté de la région. Et en Allemagne, le relâchement de la politique monétaire de la BCE nourrit la crainte d’une bulle immobilière alors que les prix ont augmenté davantage ces derniers mois dans les grandes villes.

La BCE a d’autant moins intérêt à agir qu’apparaissent par ailleurs certains bons signes, selon les analystes.

Le premier d’entre eux, visible depuis l’annonce en septembre d’un nouveau programme de rachat de dette publique (programme OMT) par la BCE -toujours pas mis en oeuvre-, est une nette accalmie sur les marchés financiers et obligataires.

Les taux d’emprunt de l’Espagne et de l’Italie, deux pays durement attaqués par les marchés au cours de l’été, n’ont cessé depuis de reculer tandis que les capitaux étrangers reviennent vers la zone euro, s’est félicité ces dernières semaines l’institution monétaire de Francfort (ouest).

En outre, le moral des ménages a grimpé de manière inespérée en novembre en Allemagne, en France et en Italie.

“Nous doutons que la BCE veuille baisser son taux alors que les premiers signes d’amélioration cyclique se manifestent”, estime donc Marco Valli.

Pour Christian Schulz, de la banque Berenberg, au vu de ces éléments, “une reprise économique graduelle est encore possible en début d’année prochaine si la BCE et les responsables politiques européens garde la crise sous contrôle”.

Dans le cas contraire, la BCE devra de nouveau agir.

“Si la tendance actuelle à la stabilisation s’avère faire long feu, une baisse de taux est possible”, juge Carsten Brzeski.

D’autant que du côté de l’inflation, les craintes d’un échauffement sont pour l’instant écartées.

La hausse des prix a nettement ralenti en novembre dans la zone euro, à 2,2% sur un an contre 2,5% le mois précédent, selon l’office européen de statistiques Eurostat. Elle devrait donc revenir en 2013 dans les clous du mandat fixé à la BCE, c’est-à-dire proche ou en dessous de 2%.

La BCE doit annoncer jeudi ses nouvelles prévisions d’inflation. En septembre, elle attendait +1,9% pour 2013, un chiffre qui ne devrait pas évoluer.

En revanche, elle devrait revoir “significativement” à la baisse sa prévision de croissance pour 2013 (elle attendait +0,5% du PIB en septembre), selon Cédric Thellier de Natixis.