Les rêves indiens de super-puissance à l’épreuve du black-out électrique

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une rue de Calcutta (Photo : Dibyangshu Sarkar)

[01/08/2012 11:26:47] NEW DELHI (AFP) Le black-out sans précédent ayant affecté la moitié de l’Inde mardi est un cinglant rappel des insuffisances des infrastructures électriques et des besoins urgents en nouvelles sources d’approvisionnement dans un pays émergent qui se rêve en super-puissance.

La méga-panne, survenue à 13H00 locales (07H30 GMT) et pleinement réparée mercredi matin, a touché une zone s’étendant de la frontière pakistanaise aux confins du Nord-Est près de la Chine, incluant la capitale New Delhi, Calcutta et Lucknow. Lundi, un premier black-out avait affecté 300 millions d’habitants.

Selon les autorités, ces deux pannes au coeur de l’été sont le fait de plusieurs Etats qui ont dépassé leurs capacités autorisées d’approvisionnement sur leur réseau et provoqué un effet domino.

En Inde, où l’électricité provient essentiellement du charbon en attendant la concrétisation de vastes projets de centrales nucléaires, les coupures de courant sont très fréquentes: aux heures de pic de consommation, l’offre est inférieure de 12% à la demande, selon les chiffres de la commission au plan.

En manque de combustible, handicapé par une technologie obsolète et l’attente d’autorisations environnementales pour construire de nouvelles centrales, le groupe public Coal India ne parvient pas à répondre à la demande.

Le pays voudrait faire passer la part du nucléaire dans la production électrique de 3% actuellement à 25% d’ici à 2050 mais en attendant, des réformes urgentes sont nécessaires, jugent à l’unisson analystes et entrepreneurs.

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Des passagers marchent le 10 juillet 2012 sur le quai de la gare Churchgate de Bombay (Photo : Punit Paranjpe)

En tant qu’économie émergente parmi les plus dynamiques, “il est impératif que nos infrastructures de base” répondent aux aspirations des acteurs économiques du pays, a résumé le directeur général de la Confédération indienne de l’industrie, Chandrajit Banerjee.

Humiliation nationale

Selon les analystes, l’Inde devrait faire respecter par des commissions locales d’électricité les quotas de chaque Etat et améliorer le réseau de distribution pour éviter les situations de crise.

Des pénalités financières sont prévues en cas de dépassement des capacités autorisées mais ces amendes sont aujourd’hui moins onéreuses que l’achat d’énergie sur le marché libre. L’Etat devrait donc, selon les analystes, augmenter le prix de l’énergie sur le marché réglementé.

Profitant de réseaux de distribution obsolètes, les vols d’énergie par des branchements sauvages sont aussi extrêmement fréquents et seuls de lourds investissements pourraient y mettre fin.

Mais toutes ces mesures entraîneraient pour le consommateur une envolée de sa facture d’électricité, un choix nécessitant une volonté politique au moment où le gouvernement est déjà en proie au mécontentement populaire dû à une forte inflation.

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écolières indiennes marchent sur les rails près de la gare de Sealda à Calcutta, le 31 juillet 2012 (Photo : Dibyangshu Sarkar)

Selon Seema Desai, analyste au sein du groupe de recherche Eurasia Group, la facture pourrait s’alourdir de 40% dans certains Etats.

Le cruel rappel des nombreux efforts encore à fournir s’étalait mercredi en “Une” des journaux, qui éreintaient de concert les autorités en estimant que les deux jours de chaos électrique avaient suscité la risée à l’étranger.

Dans un pays où l’on ne plaisante pas avec le sentiment de fierté nationale, les “Une” en disaient long sur l’humiliation ressentie.

Le quotidien The Economic Times enterrait les rêves de grandeur du pays par ce titre: “L’Inde superpuissance. Repose en paix”. Selon le journal, l’image de l’Inde comme place forte des hautes technologies a pris “une raclée”.

Il moquait également la promotion mardi du ministre de l’Energie à l’Intérieur, lors d’un mini-remaniement ministériel annoncé en plein black-out: “C’est comme changer le capitaine du Titanic après avoir heurté un iceberg”, résumait-t-il.