L’économiste Moez Laabidi estime sérieuse la menace d’un abaissement de la note souveraine de la Tunisie

Par : TAP

Les mises en garde de l’agence américaine de notation, Moody’s, concernant l’abaissement de la note souveraine de la Tunisie, sont sérieuses, au vu de plusieurs indices négatifs, a affirmé l’expert économique Moez Laabidi. Cet avertissement a été alimenté par des inquiétudes manifestées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays après le limogeage du gouverneur de la BCT, Mustapha Kamel Nabli, en poste depuis la Révolution du 14 janvier 2011, souligne l’expert dans une déclaration à l’agence TAP.

M. Laabidi impute les craintes de l’agence Moody’s à la “bonne” réputation dont jouit M. Nabli auprès des instances financières internationales, au manque d’explications relatives à ce limogeage, aux polémiques que cette question a suscitées et enfin au caractère politique qu’elle a revêtu.

Il a, par ailleurs, souligné que le limogeage du gouverneur de la BCT ne manquera pas de soulever des interrogations, au sein de l’agence de notation, concernant les nouvelles orientations de la politique monétaire de la Tunisie qui jouit d’une reconnaissance à l’échelle internationale. Ces interrogations concernent, en outre, l’éventuelle adoption par les autorités d’une politique financière publique expansionniste qui ne prendrait pas en considération les équilibres financiers et le risque d’inflation.

La hausse du taux d’inflation n’encourage pas les investisseurs à acquérir les obligations émises par la Tunisie, avec pour conséquences un taux d’intérêt plus élevé et un alourdissement du coût de la dette, phénomène qui contribue à creuser davantage le déficit budgétaire. «Durant les années 2013 et 2014, rien ne prouve que la Tunisie n’aura pas recours au marché financier mondial pour lever des fonds, malgré une récente annonce du gouvernement provisoire indiquant qu’il n’aura pas besoin d’emprunter sur le marché mondial au cours de l’année 2012», a indiqué M. Laabidi. Un éventuel abaissement de la note souveraine de la Tunisie aura un impact direct sur le taux d’intérêt et enverra des signaux négatifs aux investisseurs, précise encore l’expert.

Le gouvernement est appelé à prendre un nombre de dispositions afin d’éviter un éventuel abaissement de la note souveraine du pays, a-t-il soutenu. Il s’agit de clarifier la situation concernant la date des prochaines élections, de créer une instance chargée de les superviser et de garantir l’indépendance totale de la BCT afin de lui permettre de préserver les équilibres financiers du pays.

Le gouvernement provisoire est, en outre, appelé à changer le schéma de développement actuel afin de réduire le chômage des diplômés du supérieur et à éviter les solutions de facilité comme la hausse du nombre des ouvriers de chantier. L’expert a en outre mis en garde contre le recours à la planche à billets qui provoquerait une hausse du taux d’inflation. Les expériences mondiales ont en effet démontré que cette approche (recours à la planche à billet) est liée à des objectifs électoraux de court terme( création d’emplois, hausse des salaires..), dont les impacts à moyen et à long termes se manifestent à travers l’inflation et la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen.

WMC/TAP