Tunisie – Sport : Joue-t-on au foot ou fait-on une guerre urbaine?

Par : Tallel

ess-css-fin-1.jpgSpectateur du match l’Etoile Sportive du Sahel contre le Club Sportif Sfaxien, dimanche 18 décembre 2011 à Sousse, je vous apporte un témoignage vécue du stade. Je n’ai pas eu l’impression d’assister à un match de foot mais plutôt à une guerre urbaine entre des jeunes organisés en bandes et une police totalement dépassée et mal préparée. 

Il est temps que nos sociologues, éducateurs et autres ONG investissent le monde du football; et même la Police aurait intérêt d’infiltrer les groupes de supporters, et ce afin de mieux comprendre le phénomène et le contrecarrer. 

Du côté des supporters sfaxiens, sincèrement je ne me suis pas reconnu à ce public, pourtant considère comme le plus fair play en Tunisie et son amour pour le beau jeu. D’ailleurs, c’est l’un des rares publics en Tunisie qui privilégie la qualité du jeu sur le résultat, qui applaudit l’adversaire; et je dirais même que le Stade Mhiri à Sfax est l’un des plus sûrs en Tunisie pour le public de l’équipe adverse. 

En effet, peu ou pas d’adultes, mais surtout des jeunes dont la majorité est composée des étudiants et des élèves, mais une bonne partie du public c’est des chômeurs, et donc souvent des casseurs et qui sont plutôt venus pour la bagarre et la casse. Certains étaient même ivres et peut-être sous l’emprise de la drogue. La question ici est de savoir où est le rôle de la Police dans le filtrage et encore plus celui du comité des supporters.

Il est inadmissible de laisser des jeunes de moins de 20 ans et surtout non accompagnés rentrer dans les stades. C’est de la responsabilité de la police et des organisateurs. Il sera très facile de canaliser le public visiteur en vendant les billets uniquement par le comité des supporters et de limiter à une tranche d’âge supérieure à 25 ans voire plus.

Donc, à notre avis, un travail est à faire côté organisation, car des l’entame du match, on sentait qu’une petite partie du public est prête pour créer le désordre, en insultant le public adverse et en provoquant la police. 

De l’autre côté, on a vu une Police présente en très grand nombre (plus d’un millier d’agents), excitée, mal préparée et tombant dans le piège de la provocation. Car, comment peut-on expliquer l’usage excessif et non compréhensible des gaz lacrymogènes à l’endroit de la foule sans aucun discernement? Comment expliquer qu’on ferme les portes du stade pour prendre en otages les spectateurs désirant quitter les tribunes? Comment a-t-on pris la décision de coincer les supporters sfaxiens entre 2 rangées de policiers (l’une à l’intérieur du stade et l’autre à l’extérieur), en leur jetant des bombes lacrymogènes? 

La police a tout intérêt à filmer ces scènes, à les analyser, à les décortiquer, et ce à même de permettre la mise en place d’autres stratégies. Mettre les policiers en garde à vue devant les spectateurs n’est pas la bonne pratique. Attaquer dans les gradins et lâcher les chiens, ce n’est pas non plus la bonne stratégie. Une police à cran et sur les dents, prête à en découdre avec les spectateurs et qui tombe dans la facilité. En somme, une police non professionnelle. 

In fine, il est urgent d’analyser ce qui se passe dans nos stades et qui n’est spécifique à aucun public, afin de trouver les parades et ainsi éviter des drames. Car, on assiste depuis plus d’un an maintenant à une sorte de guérilla urbaine, à des affrontements entre jeunes et policiers. Ce qui ne devrait pas exister et donc être toléré.

Cela doit s’arrêter.

– Tous les articles sur
Football