La Tunisie laisserait-elle tomber son projet nucléaire?


nucleaire-28112011-art.gifCinq ans après avoir pris la voix menant à la construction d’une centrale
nucléaire, la Tunisie
pourrait fort bien rebrousser chemin. C’est en tout cas ce
que préconise un récent rapport commandé par le ministère de l’Industrie et de
la Technologie.

Mise sur la table comme éventuel scénario depuis 2006, l’introduction de
l’énergie nucléaire
comme source pour la production d’électricité a fait du
chemin au cours des dernières années. Même si d’autres pays –dont le Canada et
l’Afrique du Sud- ont manifesté leur disposition à accompagner la Tunisie dans
son cheminement vers l’entrée dans le club des pays utilisateurs du nucléaire à
des fins civiles, la France semblait jusqu’à récemment bien placée pour obtenir
du gouvernement tunisien qu’il lui confie ce rôle et remporter, en conséquence,
les marchés y afférents –notamment celui de la fourniture et de la construction
de la future centrale.

Les deux pays ont d’ailleurs signé en 2006 un accord de coopération portant sur
l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire dans le cadre devait notamment
être conduite l’étude de faisabilité du projet consistant à doter d’une centrale
d’une capacité de 900 MW destinée à entrer en exploitation en 2023. Cette étude
a été menée par la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz et le Commissariat
à l’Energie Atomique (CEA, France) et ses conclusions ont été récemment remises
à la tutelle, en l’occurrence le ministère de l’Industrie et de la Technologie
(MIT). Il y est notamment affirmé que l’utilisation du nucléaire pour produire
de l’électricité pourrait être rentable en Tunisie.

Une conclusion que ne partage pas une étude commandée, grâce à un financement de
la
Banque mondiale, par ce département à deux experts, l’un algérien –Noureddine
Berrah, appartenant à cette institution- et l’autre tunisien –Kamel Rekik. Ce
dernier en particulier est connu pour avoir des idées arrêtés sur l’utilisation
du nucléaire à des fins civiles.

Outre les problèmes de sécurité qu’une telle solution pose –et qui sont à
l’origine de l’hostilité à une telle option, y compris en Tunisie-, Kamel Rekik
avance deux arguments pour justifier sa position anti-nucléaire. D’abord, il
estime qu’il n’est pas sûr que l’on puisse produire de l’électricité moins chère
en raison de l’absence d’économie d’échelle –la Tunisie ne compte se doter que
d’une seule centrale nucléaire- et de l’incertitude concernant l’évolution
future du prix de l’uranium enrichi.

Ensuite, pour l’expert tunisien, la Tunisie n’ayant pas l’intention de mettre en
place une filière –allant du minerai au traitement des déchets-, son projet
n’aura pas l’impact économique souhaité –notamment en matière d’emplois,
aujourd’hui priorité des priorités des autorités.

De ce fait, il n’est guère étonnant que l’étude du tandem Kamel Rekik-Noureddine
Berrabah affirme que l’introduction du nucléaire ne présente aucun intérêt
économique pour la Tunisie et propose comme alternative l’utilisation du solaire
principalement et du charbon accessoirement pour produire de l’électricité.