Tunisie : Bientôt la burqa!

burqaa-14112011-art.jpgDiscussion entre voisines de table dans un fast food, autour des récents
évènements: des enseignantes universitaires sont chassées des amphis, pour
«tenue incorrecte»…

Zohra: «Tu as vu ce qui s’est passé? Tu comprends maintenant que j’avais raison
d’avoir peur? Bientôt on va nous imposer la
Burqa dans les amphis, ensuite on va
nous dire rentrez plutôt faire la cuisine, on s’en occupe…!»

Amina: «Mais non! Arrête de dramatiser, c’est quelques évènements isolés, ça ne
veut rien dire, nos étudiants sont en général ouverts et tolérants, et
rappelle-toi comme tu disais, il n’y avait aucun slogan religieux le 14 janvier
devant le ministère de l’Intérieur….

Et puis, parlons franchement. Allez, ça te plait toi qu’une femme aille en cours
avec un maquillage de soirée? Avec des jupes courtes? Ou des pantalons serrés?
Ces femmes ne savent-elles pas qu’elles ont affaire à des jeunes de tradition
arabo-musulmane? Qui forcément ne sont pas comme les jeunes garçons européens…
On n’est pas à Nice tu sais! Tiens, quand une femme se balade en jupe micro, ou
va bronzer les seins nus sur la plage…personne ne la regarde! Les femmes sont
même de plus en plus malheureuses et seules là-bas… tellement les hommes ne les
regardent plus[1]!

Phénomène assez répondu et inquiétant en effet dans -et pour- les sociétés
occidentales en général (misères du désir, Alain Soral), et qui, pense-t-on,
accroît le nombre d’homosexuels, forcés quelque part, ou de célibataires
endurcis, d’où misère sexuelle et affective… Le corps est presque devenu objet
de consommation, d’où une baisse du désir, et presque un contre effet, de ce qui
était l’objectif de liberté individuelle, porté par les féministes et toute la
philosophie Mai 68…

Zohra: «Oh lala Amina, je ne te savais pas aussi conservatrice! Maintenant tu
vas me sortir ton refrain de toujours? Le voile ne cache pas le corps, mais le
protège du regard «désobligeant, et parfois agressif» de l’Autre… en
l’occurrence celui de l’Homme…».

Amina: «Non, pas exactement ça, mais ça protège en effet, et ça permet de
limiter un certain nombre d’effets, néfastes au niveau de toute la société.
Tiens, par exemple tout à l’heure au rond point, la circulation était infernale,
toutes les voitures klaxonnaient, le policier n’arrivait pas à s’en sortir … et
une très jeune fille traversait la rue, elle portait un haut très serré, couleur
rose bonbon… Tu vois un peu le tableau: les cheveux au vent, et un pantalon
cigarette.

Eh bien, tout le monde dans le rond point, l’espace de quelques secondes, a
oublié la circulation, on n’entendait plus de Klaxons, le policier regardait,
mon mari regardait, et moi aussi je t’avoue que je regardais….parce que c’était
attirant, voilà!

Après, moi je ne dis pas qu’il faut mettre une burqa, mais que dans la rue, dans
l’amphi à la fac, c’est pas comme dans un salon de thé, ou dans une soirée, etc.
Dis donc, les hôtels haut de gamme imposent une tenue correcte à l’entrée du
restaurant, celle de la plage doit rester à la plage… Tu vois, je ne suis pas
conservatrice, outre mesure, je dis des choses logiques! De bon sens! C’est
tout.

Quand tu es prof et que tu passes la moitié du temps à écrire sur le tableau, il
faut savoir que pendant ce temps, tes étudiants te regardent toi, ne pensent
plus au cours… Tu vois ce que je veux dire? Alors, on ne va pas aller chercher
le loup! Et après se plaindre!

Zohra: «Oh mon Dieu, comment tu parles! Et donc à ton avis, au lieu d’éduquer
nos jeunes, de leur dire qu’il faut respecter le corps de la femme, on doit le
cacher ce corps?»

Amina: «pas exactement, mais à chaque chose sa mesure, et ça c’est du travail
sur des années, ça ne se fait pas tout de suite avec une baguette magique! En
attendant, ces jeunes, figure-toi, vivent une certaine frustration, sexuelle
entre autres, car ils voient des choses à la télé… sur le net, une certaine
version du corps de la femme, ils voient leurs voisines de bancs à la fac porter
des tenues qui ressemblent un peu à ce qu’ils voient à la télé, mais les choses
ne sont pas très claires après… Est-ce que l’habit fait le moine? Le jeune ne
sait pas très bien faire la différence et sortir le vrai du faux dans tout ce
chaos, et on a de plus en plus de couples qui vivent en concubinage dans le
milieu étudiant…

Le corps de la femme a toujours posé problème, il faut l’avouer. Pour ma part,
je préfère me préserver de tout ça, ne pas provoquer, à chaque contexte sa
tenue, voilà, je ne vais pas au marché aux poissons avec une jupe courte! Je
mets un jean, c’est tout!

Le forcing qu’a fait Bourguiba n’a peut-être pas été correctement avalé par
tous, mais surtout et plus que ça, il faut un contexte, des conditions
générales, pour qu’il y ait ouverture et apprentissage de la tolérance…»

Zohra: «Allez salut je te laisse, je n’ai plus envie de manger, je vais demander
un passeport de réfugié politique je crois; elle avait raison Souhir Belhassen,
vous me faites très peur vous tous…».