Les technologies de l’information au service des populations les plus pauvres

Par : Autres

technodelinfosuisseseptembre.jpgUne nouvelle étude montre comment les technologies de l’information et de la
communication
(TIC) favorisent concrètement l’accès durable des populations de
la base de la pyramide (BoP) à l’éducation, la santé, les services agricoles ou
les services financiers.

Une étude publiée aujourd’hui et conduite par Hystra et Ashoka, avec le soutien
de l’AFD, Proparco, Ericsson, France Télécom-Orange, ICCO et TNO, apporte un
nouvel éclairage sur les business models efficaces et durables ayant un impact
socio-économique positif pour les plus pauvres.

280 initiatives étudiées en Asie, en Amérique latine et en Afrique

L’étude s’est attachée à tirer les enseignements des approches

existantes, en analysant plus de 280 initiatives mises en place par divers
acteurs (entreprises, organisations de la société civile, entrepreneurs
sociaux…) en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

Les projets étudiés recourent aux
TIC pour offrir des services aux plus pauvres
dans 4 domaines principaux : éducation, santé, agriculture et développement
rural, et services financiers. Hystra, le cabinet de conseil spécialiste des
stratégies hybrides (sociales et économiques) chargé de piloter l’étude, et son
partenaire Ashoka, une association à but non lucratif qui a soutenu depuis 1981
plus de 3.000 entrepreneurs sociaux dans le monde, ont évalué les projets.

L’analyse s’est basée sur 3 critères:

– la capacité de ces projets à résoudre les problèmes auxquels ils s’attaquent,

– leur viabilité financière,

– leur capacité à passer à grande échelle, à être répliqué dans d’autres
géographies en dépassant le stade de l’expérimentation.

Les quinze business models les plus novateurs, dont l’échelle et les résultats
sur le terrain montrent que les TIC peuvent être un levier pour améliorer
durablement le niveau de vie des populations les plus pauvres, ont fait l’objet
d’études de cas approfondies dans le rapport pour étayer les principales
conclusions.

Les principales conclusions

La pérennité économique des projets varie d’un secteur à l’autre, les domaines
des services financiers et du développement rural affichant la plus grande
solidité financière:

– Les projets les plus innovants offrant des «services financiers» sont les plus
matures en termes de pérennité et de mécanisme de marché, et parviennent à
servir chacun plus de dix millions de personnes qui n’avaient jusqu’alors pas
accès aux services bancaires.

– Dans le domaine de l’agriculture et du développement rural, les projets
matures et viables utilisant les TIC sont nombreux, et peuvent avoir un réel
impact socio-économique, augmentant les revenus des agriculteurs tout en
permettant un gain d’efficacité de la chaîne d’approvisionnement agricole,
bénéfique pour toutes les parties prenantes de l’écosystème agricole.

– Le domaine de la santé est extrêmement dynamique parmi les secteurs où les TIC
sont utilisées pour le développement, mais la plupart des projets sont
subventionnés et leur viabilité financière à long terme n’est pas assurée, à
l’exception de quelques niches telles que la téléconsultation ou
l’authentification des médicaments par SMS.

– Dans le domaine de l’éducation, les projets fondés sur les

mécanismes du marché à destination des populations les plus défavorisées sont
peu nombreux, alors qu’une demande dans ce domaine émerge.

De nouveaux business models faisant appel à des agents locaux ou au «crowdsourcing»
répondent efficacement aux besoins des populations de la base de la pyramide.

Faire appel à des «agents locaux», membres des communautés locales ayant des
connaissances en informatique qui assurent l’interface entre les technologies et
les utilisateurs finaux, facilite l’accès des populations peu formées à l’usage
des TIC technologies aux services basés sur ces technologies. Ce business model
permet en outre d’éviter le recours à des campagnes de communication massives et
onéreuses pour

faire connaître le service: la publicité est relayée par chacun des
intermédiaires dans leur zone d’activité.

Le «crowdsourcing» s’appuie sur les technologies de l’information pour permettre
au plus grand nombre- toute personne ayant accès à la technologie- de fournir un
service à distance par téléphone ou Internet, offrant ainsi aux populations
rurales même isolées la possibilité de contribuer au développement économique.

Une approche entrepreneuriale est primordiale pour lancer des services innovants
tandis que la collaboration transversale entre acteurs et entre secteurs est
déterminante pour mettre en place les écosystèmes locaux indispensables pour
réussir les déploiements à grande échelle.

Les projets qui réussissent sont construits à partir de la capacité et de la
volonté de payer de leurs clients, puis testés localement sur le terrain au
cours de tâtonnements successifs. Ces projets se heurtent néanmoins à plusieurs
difficultés. Il leur faut s’appuyer sur des ressources humaines alliant un
savoir-faire technique et sectoriel à une connaissance des habitudes et de la
demande au niveau le plus local. Ils doivent également trouver des
investissements et des partenaires de long terme pour supporter la phase longue
–et nécessaire- de tâtonnements initial.

La coopération transversale entre secteurs et entre acteurs (gouvernements,
agences d’aide au développement, entrepreneurs sociaux, grandes entreprises,
institutions financières, organisations de la société civile et organismes de
recherche) est cruciale pour créer l’écosystème qui permettra de surmonter ces
difficultés. Le niveau d’engagement de chaque type d’acteur sera déterminant
pour que les services fondés sur les TIC améliorent les conditions de vie et les
revenus des milliards de personnes vivant en deçà du seuil de
pauvreté.

L’étude propose en ce sens des recommandations aux différentes parties
prenantes, incitant celles-ci à collaborer et à s’engager afin que la
contribution des TIC au développement socio-économique durable des populations
pauvres devienne une réalité.

Le texte intégral du rapport a été présenté simultanément à Paris et à La Haye
le 14 septembre.

AFD Agence Française de Développement – 20/09/2011 08:20:00