Tunisie : Jalloul Ayed, le ministre des Finances et le Musicien, à Sfax…

Par : Autres

jalloul-ayed-01102011.gifDeux grandes reformes structurelles viennent d’être adoptées par le gouvernement
provisoire toucheront les secteurs de la micro-finance et du capital-risque.
Pour le ministre des Finances, qui a fait une intervention dans la soirée du
vendredi 30 septembre 2011, lors de la rencontre organisée par l’UTICA régionale
et la section de Sfax de l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise), ces
deux secteurs sont des outils porteurs de création d’emplois. Dans ce sens et
sur les 6.000 dossiers de micro-financement suspendus pour manque de financement
propre, 3.000 dossiers vont avoir leur accord suite à une solution sociale et
non financière trouvée par le gouvernement provisoire.

Concernant le capital-risque, lui aussi considéré comme créateur d’emplois, M.
Ayed a annoncé que la reforme adoptée porte sur la séparation entre le capital
et l’investissement, ce qui est à permettre la professionnalisation de
l’investissement. Mais il précise que, pour réussir cette réforme, deux éléments
essentiels doivent exister: un cadre juridique approprié et la mise en place des
experts en investissement.

Plan de jasmin

Le plan économique et social, dénommé “Plan de jasmin 2012-2016“ focalisera sur
les solutions du problème de chômage et de développement régional, et permettra
la création d’un millions de postes d’emplois à travers le renforcement du rôle
du secteur privé. Selon le ministre des Finances, l’Etat assurera un rôle
déterminant à travers deux institutions, en l’occurrence la Caisse des dépôts et
de Consignation pour financer les travaux d’infrastructure et le renforcement
des
PME, mais aussi à travers le Fonds générationnel qui sera alimenté par
l’argent public placé (entre 2 et 5 milliards de dinars). Ce fonds aidera à
l’investissement dans les technologies, le tourisme, la distribution et le fonds
islamique.

Approche participative

Le plus grand souci pour réaliser la nouvelle démarche reste la position du
syndicat des travailleurs. Et Jalloul Ayed estime que l’adoption de l’approche
participative pourrait -en partie- aider au développement du sentiment
d’appropriation des entreprises chez la force ouvrière.

Toutefois, pour le ministre des Finances, la transparence, la bonne gouvernance,
la responsabilité environnementale et sociale ainsi que la citoyenneté de
l’entreprise représenteront entre autres les garanties de la réussite de cette
démarche. L’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs armés d’un
esprit innovateur et mercantiliste aidera à la réalisation de ces objectifs.

Par ailleurs, M. Ayed a annoncé, lors de la rencontre à Sfax, la création d’un
fonds de 25 millions de dinars pour encourager et accompagner les élites.
L’université, l’environnement économique et les bailleurs de fonds représentent
le triangle de la réussite.

Réformes nécessaires

L’approche pour réaliser tous les objectifs ne peut être que séquentielle et des
réformes doivent toucher différents secteurs dont les systèmes financier et
bancaire, l’éducation (qui est prioritaire mais dont les résultats seront à long
terme), la justice, l’administration, la Caisse de compensations. Cette caisse
enregistre, selon le ministre des Finances, 7 milliards de dinars, ce qui
équivaut à l’investissement réalisé par l’Etat.

Concernant le financement de la recherche, une commission se penchera sur les
moyens de renforcer cette activité; Jalloul Ayed affirme que cette commission
adoptera la même démarche de travail utilisée jusque-là basée sur la
participation des opérateurs pour arrêter les choix et les décisions.

Réussite, rêve, prospérité, transparence, gouvernance d’excellence, économie de
connaissance, voir grand, et voir loin… ce sont les mots clefs utilisés par le
ministre des Finances lors de son intervention devant les hommes d’affaires à
Sfax. Sfax qui a maintenant une chance selon lui de jouer un rôle déterminant
dans cette phase de l’histoire de la Tunisie. Les ingrédients sont: esprit
mercantiliste, innovation, et entreprenariat.

La Tunisie a une chance inouïe de devenir le Singapour de la Méditerranée, mais
pour ce faire, l’esprit doit changer, l’approche aussi, et les moyen doivent se
renforcer. Telle est l’ordonnance du ministre des Finances, mais aussi pour
soulager notre pays de ces maux de malversation, pot-de-vin et de
l’incompétence.

Discours, intervention, conférence ou cours de finance ou d’économie politique…
les présents à cette réunion étaient attentifs mais aussi captifs. Ils le seront
sûrement le soir du samedi au théâtre de Sfax en suivant Jalloul Ayed, cette
fois-ci non pas le ministre mais le musicien-pianiste.