Crise de la dette : les marchés financiers dans la tourmente

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ée de la Bourse de Milan, le 11 juillet 2011 (Photo : Giuseppe Cacace)

[11/07/2011 12:58:20] PARIS (AFP) Les Bourses européennes dégringolaient lundi à la mi-journée sur fond de tensions sur le marché obligataire, un mouvement de défiance généré par la peur d’une contagion de la crise grecque et des doutes sur la croissance mondiale.

“Nous nous trouvons à un des pires moments de la crise monétaire européenne. L’idée de la contagion de la crise grecque à d’autres pays de la zone euro comme l’Italie et l’Espagne prend de l’ampleur”, souligne Jean-François Robin, analyste du marché obligataire chez Natixis.

Plusieurs facteurs –interrogations sur la croissance mondiale, risque de récession en Chine, craintes sur l’Europe, inquiétudes pour les banque– se conjuguent pour créer une très forte défiance sur les marchés financiers.

Les bourses perdaient lundi à mi-journée entre 1 et 3%.

Les taux des pays considérés comme fragiles, parce que lourdement endettés, remontaient à des niveaux mettant en danger leur capacité à rembourser leurs emprunts. Et l’euro, symbole de la zone euro, baissait nettement face au billet vert, à 1,4068 dollar vers 12H00 GMT, et les valeurs bancaires plongeaient de quelque 4%.

“La défiance se caractérise dans les salles de marché par des ventes d’actifs risqués”, a souligné Vincent Chaigneau, responsable de la stratégie taux à la Société Générale.

Les investisseurs se reportent sur des valeurs réputées de meilleure qualité, ce qui profite aux placements en premier lieu, au niveau européen, au franc suisse, à l’or et aux obligations allemandes (le Bund).

Une très forte tension était palpable sur le marché obligataire européen qui mesure la confiance que les investisseurs ont dans la dette des pays.

Craignant une contagion de la crise grecque à d’autres pays européens notamment Italie et Espagne, les investisseurs exigent des taux plus élevés pour prêter à ces deux pays depuis quelques jours dans leur collimateur.

Les taux longs à dix ans espagnols et italiens ont atteint lundi dans la matinée des records historiques entre 5,5% et près de 6% (5,78% pour l’Espagne et 5,45% pour l’Italie).

Il s’agit des niveaux les plus élevés depuis la création de l’euro et qui, sur le moyen-long terme, sont intenables.

Si l’Italie n’arrive plus a se financer pour rembourser sa dette publique c’est une véritable catastrophe pour l’Europe, indique-t-on dans les salles de marché. La chancelière allemande Angela Merkel a d’ailleurs appelé lundi son homologue italien Silvio Berlusconi pour réclamer que l’Italie adopte rapidement son budget d’austérité.

L’Italie dont la dette, l’une des plus élevées du monde en valeur absolue, représente environ 120% du PIB, est victime depuis vendredi de tensions politiques et d’un début de scandale autour du ministre des Finances.

La bourse de Milan cédait 3,36% à 12h30 GMT après avoir déjà enregistré une forte chute vendredi. L’Espagne se débat avec une crise économique sans précédent et un niveau de chômage extrêmement élevé.

A Lisbonne, l’indice boursier vedette chutait de 3,10% à 14H15 GMT.

Parallèlement le dossier grec traîne, faute pour les Européens de parvenir à se mettre d’accord sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce et sur le rôle des banques.

Autre signe qui ne trompe pas, l’élargissement de l’écart de taux entre entre la dette allemande et française.

Ce fameux “spread” a atteint un niveau historiquement élevé (0,65 point de base) ce qui signifie que les investisseurs se replient et privilégient la dette allemande considérée comme au-dessus de tout risque. Tout un symbole, remarque M. Robin, pour qui cela résume l’état d’esprit des salles de marché.