Moody’s pourrait abaisser la note du Japon endetté dans les trois mois

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à Bruxelles le 28 mai 2011 (Photo : John Thys)

[31/05/2011 05:33:24] TOKYO (AFP) L’agence de notation financière Moody’s a annoncé mardi qu’elle pourrait abaisser la note de la dette à long terme du Japon dans les trois mois, citant l’endettement massif du pays aggravé par le récent séisme dans le nord-est.

Moody’s avait déjà placé en février la note du Japon sous perspective négative, mais l’annonce de sa mise “sous surveillance pour un possible abaissement” signifie que l’agence va décider d’agir ou non dans les trois mois.

La note de la dette du pays est aujourd’hui fixée par Moody’s à Aa2, soit la troisième meilleure possible sur le total de 19 que compte l’échelle de l’agence.

“La faible perspective de croissance et une réponse politique inadaptée pourraient rendre plus difficile à atteindre l’objectif de réduction du déficit”, a expliqué l’agence dans un communiqué.

Elle souligne que la dette publique de la troisième puissance économique mondiale dépasse déjà “de loin celle des autres pays développés”, qu’elle soit estimée en 2010 à 226% du Produit intérieur brut (PIB) par le FMI ou à 174% du PIB par le gouvernement nippon, un écart dû à des différences de comptabilité.

Bien que le pays n’encourt aucun problème de financement à court ou moyen terme, Moody’s souligne que ce problème budgétaire pourrait favoriser “des tensions” sur les obligations d’Etat à long terme, justifiant la nécessité de revoir la note de la dette.

Parmi les facteurs négatifs pesant sur la solvabilité de l’Etat japonais, Moody’s a évoqué “les coûts économiques et budgétaires nettement plus élevés que prévus du séisme du 11 mars”.

Elle rappelle que la facture directe de la catastrophe pour le budget de l’Etat pourrait atteindre l’équivalent de 2% du PIB, sans compter les conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima.

Autre raison d’inquiétude, “l’échec possible des politiques à réussir à réduire le déficit à temps”.

Le gouvernement de centre-gauche de Naoto Kan envisage certes de proposer une réforme fiscale dès le mois de juin, qui pourrait inclure un doublement de la taxe sur la consommation aujourd’hui fixée à 5%.

“Mais la division du Parlement japonais, où l’opposition formée par les conservateurs du Parti Libéral-Démocrate contrôle la Chambre haute, et les défis croissants auxquels fait face M. Kan menacent ces efforts”.

Moody’s ajoute que la consolidation budgétaire à long terme du Japon pourrait souffrir d’une population vieillissante et d’éventuels nouveaux chocs frappant l’économie mondiale à peine sortie de la crise financière de 2008-2009.

Au final, l’agence prendra sa décision au vu “de l’ampleur et de l’échéancier de la réforme fiscale et des coûts et conséquences économiques à court et long termes du séisme du 11 mars”.

Elle tiendra néanmoins compte des atouts du Japon, parmi lesquels “sa capacité de financement sur le marché intérieur”, où le gouvernement lève plus de 95% de ses obligations.

Le pays dispose en outre d’une balance des paiements largement excédentaire, grâce aux revenus de ses investissements à l’étranger et à la compétitivité internationale de ses entreprises tournées vers l’exportation.

Hormis Moody’s, les deux autres grandes agences de notation financière, Standard and Poor’s et Fitch, ont également placé la note du Japon sous perspective “négative”.

Fitch lui attribue aujourd’hui “AA”, la troisième meilleure sur un total de 22 échelons et S&P “AA-” (la 4e sur 22).