Forum Tuniso-Français de la société civile : «La révolution tunisienne est apolitique», déclare Iyadh Ben Achour

forum-civile-1.jpgLa Cité des sciences à Tunis a accueilli, avec le soutien de l’ambassade de France, de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Institut français de Coopération (IFC), du 20 au 21 mai 2011, le Forum tuniso-français de la société civile, une manifestation multidisciplinaire, dont l’un des objectifs majeurs, c’est de favoriser, sur de nouvelles bases, à l’aune du printemps arabe et de la révolution du jasmin, le dialogue, le contact, le transfert d’expertises, l’échange des compétences et le réseautage entre les associations et les ONG des deux rives de la Méditerranée, unies, plus que jamais, nous dit M. Zine El Abidine Ben Aissa, porte-parole du collectif Randet -réseau associatif luttant contre les économies prédatrices-, dans un même combat en faveur des droits sociaux, du développement solidaire, de l’intégration régionale, de la circulation de l’information, des échanges universitaires et artistiques.

A ce moment décisif et historique de toute la région de l’Afrique du Nord, où l’Etat centralisé apparaît de plus en plus long par rapport à la société des réseaux, des thèmes liés à la solidarité, à la femme, à l’environnement, à la citoyenneté, à la démocratie, à la durabilité du développement et aux enjeux planétaires de la bonne gouvernance, ont été abordés, dans la ferveur et l’enthousiasme, dans des ateliers thématiques où des militants associatifs tunisiens du Collectif Randet (protection de la nature), Sawty (la vie civique), d’Amal (la femme) et d’Enda Inter-Arabe (microcrédit) ont exprimé, aux côtés de leurs partenaires français, leur soif de liberté, de tolérance et de valeurs démocratiques universelles.

«La révolution tunisienne, assimilée à un message, à une parole, est apolitique. Consensuelle. Lapidaire. Tout en battant le rappel des lésés, des laissés-pour-compte de la croissance, des déshérités et des marginaux, elle a eu lieu sans l’apport de ces politiciens professionnels, objet de tous les égards et de tous les honneurs dans la terminologie léniniste», déclare d’emblée Iyadh Ben Achour, président du Haut Comité pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme Politique et de la Transition Démocratique, dans son discours d’ouverture du Forum tuniso-français de la société civile, pour qui la faune politique locale est venue se greffer sur un processus révolutionnaire, spontané à la base, dont la lame de fond est en train de modifier radicalement les structures mentales de la population tunisienne, d’initier de nouveaux comportements civiques, d’araser les différences sociales et d’ouvrir la voie à des donnes stratégiques nouvelles dans toute la région méditerranéenne.

Pour notre interlocuteur, la chute de la dictature en Tunisie est l’œuvre de la société civile. De l’internet. Des blogueurs. De la cyberépoque. Des activistes de la toile. Du citoyen-monde. Et non pas des partis politiques, des planificateurs sans scrupules, des exécuteurs de stratégies de prise de pouvoir, dont la feuille de route peut, à tout moment, aboutir à la perte du bien commun, au renforcement de la contre révolution, de plus en plus agissante et au retour des forces occultes, tant redoutées depuis le triomphe de la révolution de la dignité et de la liberté.

Dans ces conditions, insiste notre vis-à-vis, les militants associatifs tunisiens, véritables acteurs de la vie publique, dont la vitalité est nécessaire à la protection de la révolution, généreux, persévérants et généralement rebelles à toutes les formes d’encasernement, sont dans l’obligation de demeurer vigilants, de continuer à dénoncer les rapports de soumission, de peser sur les décisions politiques, qui engagent l’avenir de la nation, de cultiver la mobilisation générale autour des mots d’ordre liés à la liberté d’expression, au respect de l’alternance, à la libération des énergies motivationnelles, à la promotion des initiatives citoyennes et à l’écologisation progressive de l’économie nationale.