La Berd attend l’aval de ses actionnaires pour aider l’Afrique du Nord

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ésident de la Berd Thomas Mirow à Zagreb le 13 mai 2010 (Photo : Hrvoje Polan)

[20/05/2011 06:24:57] LONDRES (AFP) La soixantaine de pays actionnaires de la Berd, qui finance depuis 20 ans des projets de développement dans les ex-pays soviétiques, se réunissent vendredi et samedi pour examiner un projet d’extension de ses activités à l’Afrique du Nord.

Le programme de l’Assemblée annuelle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui se déroule cette année à Astana, capitale du Kazakhstan (un des 29 pays où elle intervient), a été bouleversé par les événements qui secouent le monde arabe depuis janvier.

La Berd, institution financière créée il y a vingt ans pour accompagner la transition de l’ex-bloc soviétique vers la démocratie et l’économie de marché, a manifesté dès février sa volonté de mettre à profit son expérience acquise à l’Est pour aider l’Egypte et d’autres pays du monde arabe dans leur marche vers la démocratie.

Pour ce faire, elle va demander aux Etats qui la financent (qui incluent les principaux pays développés) d’approuver une évolution de ses statuts, pour lui permettre d’élargir sa sphère d’intervention, pour l’instant limitée à l’Europe centrale et orientale, l’ex-URSS et la Mongolie.

Les contours du nouveau périmètre d’intervention restent encore à définir.

Il pourrait être circonscrit à l’Afrique du Nord, ou inclure les pays du pourtour méditerranéen, ce qui ouvrirait la porte une éventuelle extension à des pays du Proche-Orient.

Le président de la Berd, l’Allemand Thomas Mirow, à l’origine de ce projet d’expansion géographique, a dit s’attendre à un vaste soutien.

“La communauté internationale avance dans cette direction”, a-t-il affirmé la semaine dernière à des journalistes, en rappelant avoir reçu le soutien d’Etats clefs comme la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Russie.

L’Assemblée annuelle se penchera parallèlement sur la requête de l’Egypte, qui avait demandé dès l’an dernier à rejoindre la zone d’intervention de la Berd, et devrait donc, en cas de feu vert très probable, servir de rampe de lancement à son expansion au Sud de la Méditerranée, peut-être dès l’année prochaine.

Selon les calculs de la Berd, celle-ci pourrait investir en Afrique du Nord et au Moyen-Orient de l’ordre de 2,5 à 3 milliards d’euros par an jusqu’à la fin de la décennie, en plus des 8,5 à 9 milliards d’euros qu’elle prévoit déjà de dépenser dans sa zone actuelle jusqu’en 2015.

Outre la demande formelle de l’Egypte, le Maroc (actionnaire comme elle de la Berd) a déjà fait part de son “vif intérêt”. Et, suite au renversement du régime de Ben Ali, la Tunisie figure également au premier rang des pays où la Berd pourrait s’implanter.

Une fois approuvée par l’Assemblée annuelle, l’évolution des statuts devra être ratifiée formellement par l’ensemble des actionnaires, ce qui pourrait prendre un an et demi.

Mais la Berd entend également leur demander l’autorisation de commencer à investir dans de nouveaux territoires sans attendre la fin de ce processus, par exemple via des “fonds spéciaux”.

L’assemblée annuelle sera également l’occasion pour la Berd de faire le point sur les perspectives économiques de sa région. Si elle estime que la reprise devrait s’y poursuivre, la banque ne cesse de souligner que la crise a fait apparaître des faiblesses structurelles, qu’elle veut contribuer à combler.

La Berd veut notamment éviter que l’Europe de l’Est ne soit reléguée en termes de compétitivité par les pays émergents à très forte croissance, comme la Chine ou le Brésil, et l’aider à mieux exploiter son immense potentiel agricole.