L’avenir d’une Tunisie démocratique passe par l’éducation du peuple

Par : Tallel

Dans une interview accordée au site
www.quimper.letelegramme.com, le Tunisien Yamen Koubaa, professeur de marketing et d’affaires internationales à l’Ecole
Supérieure de Commerce de Brest, livre sa vision sur l’avenir de la Tunisie, et
ce dans le cadre d’une conférence-débats qui sera organisée jeudi 5 mai prochain
par l’association La Liberté de l’esprit ayant pour thème “Comprendre les
révolutions arabes“.


Le professeur tunisien, pense qu’on peut parvenir à une “une Tunisie
démocratique“ à condition que des personnes, ayant un poids important dans la
société, investissent dès maintenant dans l’éducation du peuple… et ce à travers
les médias, mais également des séminaires et conférences.

Pour lui, ces personnalités peuvent être “des avocats très connus qui ont dirigé
la révolution et sont respectés“, des “imams des mosquées qui ont une grande
influence sur la société, à condition de bien les former à la responsabilité
politique de l’éducation des gens“.

M. Koubaa estime, par ailleurs, qu’à la date du 25 juillet “on n’aura pas une
Tunisie complètement démocratique“. Pour y parvenir, “on doit passer par une
période de deux-trois ans de «rééducation» de la société, parce que pendant
25-30 ans il n’y a pas eu de débats politiques en Tunisie“.

Répondant à la question de savoir si ces premières élections vont apporter de la
stabilité, il dira «une partie seulement. Tout dépend de ce qui va sortir de la
période actuelle où se décident les conditions de l’élection, si les acteurs
arrivent à s’entendre sur une méthode de campagne et de scrutin convenables.
Ensuite, tout dépend de l’assemblée constituante qui sera formée et de la
capacité de ses membres à trouver une voie pour offrir au peuple de meilleures
conditions sociales et économiques».

Par ailleurs, quand on lui pose la question «il faut que les gens vivent. Ça
pose la question de la reconstruction économique et sociale du pays», le
professeur avoue que c’est «un chantier difficile. La Tunisie dépend beaucoup du
tourisme, des investissements étrangers. On vit une période “instable“ parce
qu’il y a des grèves, des manifestations partout». Mais selon lui, «beaucoup de
gens commencent à réaliser qu’il y a un risque de faillite pour le pays, à se
dire qu’il faut recommencer à travailler maintenant pour en récolter les fruits
dans l’avenir. Car il existe des solutions économiques pour la Tunisie».

Parmi ces solutions, il indiquera que la Tunisie n’a pas des ressources
naturelles immenses mais peut compter sur “un peuple éduqué“. A cet égard, «avec
un peu de stabilité politique, on peut peut-être inciter les investisseurs
étrangers, notamment du Moyen-Orient, où il y a beaucoup d’argent, et d’Europe
aussi, notre premier partenaire».

A l’instar de nombre d’analystes, M. Koubaa croit nécessaire de «relancer le
secteur du tourisme avec une nouvelle stratégie: aller plus loin en Asie, au
Moyen-Orient, élargir nos prospections en Europe, en Amérique du Nord». Mais
seulement, «il faut aussi privilégier les technologies de l’information,
l’éducation, les investissements dans les
PME».

Enfin, sur la question concernant «le régime politique irait le mieux à la
Tunisie», son analyse est on ne peut plus pragmatique. Voici sa réponse: «Si on
va vers un régime parlementaire, il y a des risques parce qu’en Tunisie il n’y a
pas de parti majoritaire. La diversité des minorités politiques poserait un
problème pour le choix du président. Autrement dit, on se retrouverait dans la
situation actuelle: on n’arrive pas à former un gouvernement depuis trois mois.
Si on va vers un régime présidentiel, on risque d’avoir quelqu’un qui va nous
répéter la même histoire que Ben Ali. L’important c’est de définir des
mécanismes qui permettent un contrôle populaire sur le pouvoir. Que le peuple
puisse à tout moment réclamer la justice et vérifier que les institutions
fonctionnent convenablement».