Tunisie – Révolution : Portrait robot d’un non patriote

Qui suis-je ? … Indices:

Top :

Je fais grève car je confonds travail et revendication politique.

Je fais la sourde oreille sur les 30.000 emplois supprimés, les exportations
arrêtées, les IDE découragés, les banques ralenties, le tourisme asphyxié, …

J’ai des difficultés à concilier entre mes préoccupations de vengeance et de
revanche sur un dictateur et sa famille mafieuse et mes préoccupations
économique et sociale collective.

Je piétine de rage et lance publiquement mon venin de ne pas voir mes
frustrations satisfaites à la seconde où le régime Ben Ali est tombé.

Vous n’avez toujours pas deviné

Top :

J’oublie qu’un Homme qui trouve du travail est un Homme qui reconquiert sa
dignité.

J’oublie qu’on s’immole pour le travail, qu’on soudoie pour le travail, qu’on
déprime sans travail.

Je pends en otage l’emploi existant car j’ai oublié qu’une des sources de notre
crise est l’emploi inexistant.

Je m’en fous des chômeurs actuels, pourvu que je profite de la fragilité des
institutions pour mes intérêts propres, c’est le moment où jamais pour exercer
mon chantage et demander une augmentation de salaires.

Quoi? Pas encore compris

Top :

J’accepte qu’on prenne en otage l’espace éducatif de nos enfants pour faire
entendre mes revendications.

Je profite du chaos actuel pour entretenir l’état de non droit: je défonce des
maisons inhabitées pour m’y installer, je demande ma titularisation avant terme
sur un poste contractuel, je construis de nuit sur les terrains des autres …

J’écris en toute impunité sur des journaux ou autres réseaux sociaux des
mensonges et autres (dés)informations pourvu qu’ils soient à sensation.

Et surtout, j’ai peur de passer pour un opportuniste ….

J’espère que vous avez deviné … n’oubliez pas que je clame par-dessus tout que
j’aime mon pays et je confonds révolution avec chaos et surtout que j’ignore que
je manque de sagesse.