Tunisie : Vers une direction collégiale à l’UTICA

S’agit-il d’auto-candidatures ou de noms qui n’ont pas fait l’unanimité, pour ce
qui est de la succession à Hédi Djilani à la tête de l’UTICA? En tout cas, Nabil
Triki et Adel Boussarssar, dont les noms ont circulé hier (19 janvier 2011)
comme nouveaux présidents de la centrale patronale, devront attendre encore pour
concrétiser leur ambition –s’il se confirme qu’ils ont en une- de prendre les
rênes de cette organisation. Car le bureau exécutif réuni ce 19 janvier, après
que Djilani a présenté officiellement sa démission, a retenu le principe d’une
direction collégiale pour l’UTICA jusqu’au prochain congrès qui devrait avoir
lieu en juin 2011.

Cette direction collégiale prendra la forme de comités –au nom de cinq- chargés
chacun d’un domaine et composés de membres du bureau exécutif (BE). On sait déjà
que le comité chargé des affaires financières et administratives est composé de
Mme Zohra Driss, Adel Boussarssar et Ridha Bouajina; que celui s’occupant des
relations internationales compterait comme membres, outre Mme Driss, Mmes Widad
Bouchamaoui et Leila Khayat et Roger Bismuth. Le BE devrait se réunir le jeudi
20 janvier 2011 pour compléter la composition des autres comités.

L’ancien président de la centrale patronale a fait l’objet de pressions pour
l’amener à tirer sa révérence, dès lundi 17 janvier. Ce jour-là, une délégation
de la Fédération Nationale des Technologies de l’Information et de la
Communication, conduite par Faouzi Zaghbib, est allée voir M. Djilani pour le
convaincre de démissionner. L’ancien président avait toutefois refusé
d’obtempérer.

Les cadres et dirigeants de la centrale patronale et du CJD qui se sont rebellés
contre M.Djilani lui reprochent d’avoir fait de la centrale patronale «un
appendice» du régime de Ben Ali et de l’avoir mis ainsi en marge de la société
tunisienne. D’ailleurs, après avoir essayé de voler au secours de l’ancien
président en lançant, après qu’il a promis la création de 300.000 emplois
lorsqu’il s’est rendu compte que le vent de la révolte continuait à souffler, un
appel aux entreprises à procéder à des recrutements dans les différentes régions
défavorisées. Depuis, c’est silence radio à l’UTICA. Mais elle est loin d’être
la seule dans cette situation, puisque, à l’exception de l’Ordre des Avocats, de
la LTDH et, à un degré moindre, de l’UGTT qui ont toujours réussi à préserver
une indépendance plus ou moins grande vis-à-vis de l’ancien régime, toutes en
sont devenues des satellites.

Mercredi 19 janvier, ce sont les cadres et membres du Centre des Jeunes
Dirigeants (CJD), venus en plus grand nombre que ceux de la Fédération Nationale
des TIC –près de 200- qui ont pris le relais pour inviter eux aussi M.Djilani à
se retirer. Mais encore une fois, l’ex-patron des patrons a refusé de se plier à
la volonté de la base au motif qu’il craignait le vide et l’anarchie. Mais
devant la détermination des cadres du CJD, il a fini par se rendre à l’évidence
de l’impossibilité pour lui de continuer à diriger la centrale patronale.
MM