Progressivement mais sûrement, le secteur textile tunisien, marqué par la levée
de la protection que lui assuraient jusqu’en 2005 les Accords multifibres (AMF),
puis confronté à la rude concurrence des fabricants asiatiques, notamment en
Chine et en Inde, s’emploie, pour survivre, à migrer vers le textile technique.
Mais tout d’abord, qu’entend-on par “textile technique“? Plus simplement, un
textile technique est un tricot, tissu, non-tissé, corde, tresse, constitués de
fibres dites fibres techniques, ayant des caractéristiques choisies pour une ou
des applications bien déterminées (non-feu, résistance mécanique, conductivité
électrique, antistatisme, protection, isolation, anticoupure, textiles
intelligents….).
Chargé, il y a une année, par le Centre technique tunisien du textile (CETTEX)),
d’explorer les pistes de survie pour cette branche d’activité, Jacques-Hervé
Levy, directeur régional de l’Institut français du textile-habillement, a
recommandé aux tunisiens, entre autres d’investir dans ce nouveau créneau.
Une année après, plusieurs indices montrent que le message a été bien entendu.
Deux d’entre eux méritent d’être cités. L’accroissement des importations de
fibres et tissus techniques et l’amorce d’une industrialisation de ces produits
en Tunisie.
Selon des statistiques fournies par le CETTEX, au mois de novembre 2010, les
importations de fibres techniques ont augmenté en valeur (+16%) mais ont baissé
en poids (-36%). Les croissances les plus importantes sont enregistrées par les
importations en provenance d’Italie (+339% et +278%) et de l’Espagne (+162% et
+150%), respectivement en valeur et en poids.
Toujours selon la même source, les importations des tissus à usage technique ont
cru de 24,8% en valeur et de 21,1% en poids. La France, premier fournisseur de
ce produit, enregistre une hausse de 14,2% en volume de ses exportations vers la
Tunisie. L’Italie, la Belgique, l’Allemagne et la Chine renforcent leurs
positions comme fournisseurs de la Tunisie sur ce créneau, respectivement de
+45%, +103%, 131% et +39% en valeur.
Parallèlement à l’accroissement des importations des fibres et tissus
techniques, des industriels locaux commencent à investir dans cette filière.
Dans cette optique s’inscrit la récente création d’une usine spécialisée dans la
fabrication à partir de matières premières locales de fibres utilisées dans
l’industrie du textile technique.
Dénommée «Monafil Strategy», cette société, constituée le 22 décembre 2010, va
exploiter un brevet sanctionnant une recherche menée par une institution
universitaire, en l’occurrence l’ISET Ksar Hellal.
Destiné à produire plusieurs types de fibres non tissées à partir de l’alfa et
pouvant approvisionner un grand nombre d’industriels de textiles techniques
surtout à l’étranger, le projet vient participer au renouveau du secteur textile
en Tunisie.
Fruit d’une Recherche&développement menée dans une institution du technopôle
Monastir Fejja dédié au textile, Monafil, un projet essentiellement innovant,
démontre plus que jamais que le secteur textile, en dépit de la recrudescence de
la concurrence, a de l’avenir et est loin d’être en situation d’urgence.
