Tunisie : Peut-on encore enrayer la fuite de nos compétences?

fuite-cerveaux-1.jpgLes émigrés sont un précieux capital pour leurs pays d’origine. Les Tunisiens Résidents à l’Etranger (TRE) ne dérogent pas à cette règle, puisqu’ils constituent la quatrième source de devises pour notre pays –après les industries textiles et électriques et mécaniques et le tourisme. Les 2,3 milliards de dinars qu’ils ont transférés en Tunisie représentent 4,9% du produit intérieur brut (PIB) et 22% de l’épargne nationale.

N’empêche, certains pensent que les TRE peuvent faire plus et, surtout, mieux en faveur de leurs villages, régions et pays. L’Union européenne et les Nations unies sont du nombre et c’est pour cette raison que les deux organisations ont conjugué leurs efforts en Tunisie afin d’en faire la démonstration. Avec ce vœu avouable et avoué de contribuer ainsi à améliorer les conditions de vie des populations des populations émettrices d’émigrés et réduire, ainsi, la tentation migratoire.

«La fuite des compétences est actuellement la forme dominante de migration et elle est pénalisante pour les pays émetteurs», souligne Adrianus Koetsenruitjer, ambassadeur chef de la Délégation de la Commission européenne en Tunisie. Une fuite également difficile à digérer pour les pays européens, principale destination des émigrés maghrébins.

D’où cette initiative est conduite par l’Union européenne, le bureau du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Bruxelles en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Pour «optimiser la valeur ajoutée de la migration pour le développement» -dans 16 pays de la région, dont la Tunisie et le Maroc-, en encourageant les diasporas «à contribuer au développement socioéconomique de leur pays d’origine», en atténuant la fuite des cerveaux, et en facilitant les transferts de fonds et le retour des migrants qui décident de rentrer, ces organisations ont mis sur pied un programme baptisé «Initiative Conjointe Migration et Développement» (ICMD), et doté d’un budget de 15 millions d’euros sur trois ans (2008-2010).

En Tunisie, deux projets ont été retenus qui sont mis en œuvre avec deux acteurs locaux. Le premier baptisé «Action Verte», mis en œuvre avec l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), en collaboration avec le Centre de recherches et d’études sur les sociétés méditerranéennes (CRESM, Italie).

Concrètement, il s’agit de «valoriser les ressources et l’expérience des Tunisiens expatriés en Sicile» en les incitant à investir dans l’agriculture et la pêche –spécialités de la plupart d’entre eux-, explique Mme Fatma Ben Rejeb, chargée de la coopération internationale à l’UTAP.

A ce jour, une vingtaine de projets ont été identifiés qui vont faire l’objet d’études de faisabilité, comme l’a suggéré l’APIA.

Le deuxième projet est intitulé «Projet T-28» et ayant pour chefs de file l’Association de Zarzis pour le développement durable et la coopération internationale, présidée par Fayçal Dchicha, et Jasmin d’Orient, une association de Montpellier. Cette initiative a pour finalité d’«assurer des services d’information, d’accompagnement, de formation et de médiation, en France et en Tunisie», explique M. Dchicha. Ce projet a notamment permis, outre la création d’un foyer de l’émigré, «Dar El Mouhajir», à Zarzis et à Montpellier, de dispenser des formations en langue et en TIC «pour faciliter l’intégration de nouveaux immigrants dans la société française», et créer deux entreprises –un centre de formation en esthétique, et un centre d’animation touristique, alors qu’un projet agricole est en préparation.

Enfin, un dispensaire à Msaken et un tronçon de route à Souk Al Ahad vont voir le jour grâce à un financement mixte d’émigrés originaires de ces régions, et d’ADOMA, une association française qui y a injecté 50.000 euros.

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