WikiLeaks : son fondateur recherché par Interpol, Washington poussé à jouer l’apaisement

photo_1291273705783-1-1.jpg
à l’écran une photo de son fondateur Julian Assange, le 30 novembre 2010 (Photo : Jens Buttner)

[02/12/2010 07:13:52] WASHINGTON (AFP) Son fondateur, Julian Assange, recherché par Interpol, son hébergeur, Amazon, mettant un terme à sa collaboration: WikiLeaks était rudoyé mercredi, tandis que les notes américaines que le site diffuse poussaient Washington à jouer l’apaisement auprès de ses partenaires.

Julian Assange fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international communiqué à Interpol par la Suède.

L’Australien de 39 ans est recherché par Stockholm pour une affaire de viol, mais selon l’un de ses avocats, Mark Stephens, basé à Londres, ce mandat d’arrêt pourrait être lié aux révélations de WikiLeaks et à la réaction “belliqueuse” des Etats-Unis, très embarrassés par la publication de 250.000 documents diplomatiques, dont WikiLeaks a commencé la diffusion dimanche.

Me Stephens a refusé de préciser où se trouvait son client.

Le site internet a par ailleurs perdu un collaborateur de taille: son hébergeur, le géant américain de la distribution en ligne Amazon. “Ce matin (mercredi), Amazon a informé mon équipe qu’il avait cessé d’héberger WikiLeaks”, a déclaré le sénateur américain Joe Lieberman.

photo_1291227370537-1-1.jpg
à la recherche de Julian Assange, le 30 novembre 2010 (Photo : Nicholas Kamm)

Le président Barack Obama a quant à lui chargé mercredi un haut responsable de la lutte anti-terroriste, Russell Travers, d’empêcher de nouvelles fuites de documents confidentiels.

Mais le grand déballage se poursuivait. Selon un télégramme diplomatique américain cité par le journal Le Monde, le président français Nicolas Sarkozy a, en 2008, traité de menteur le chef de la diplomatie russe en pleine guerre russo-géorgienne: “A un moment, Sarkozy a attrapé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par le revers de la veste et l’a traité de menteur dans des termes très vifs”.

Washington en était réduit à panser les plaies ouvertes par les révélations de WikiLeaks.

“Nos ambassades sont en contact avec les membres de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme. Nous les avons avertis de ce qui les attendait. Nous sommes disposés à les protéger par tous les moyens, si nécessaire”, a assuré le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley.

“Il y a clairement des sources identifiées dans ces documents – en particulier dans les pays dictatoriaux – qui nous ont parlé”, a-t-il ajouté. “Et nous pensons que la publication de ces notes met certainement des vies en danger”.

photo_1291227334946-3-1.jpg
étaire d’Etat Hillary Clinton et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi au sommet de l’OSCE à Astana, le 1er décembre 2010 (Photo : ANDREY MOSIENKO)

Washington a aussi cherché à rassurer les dirigeants étrangers lors d’un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kazakhstan. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a rappelé à ses interlocuteurs que les notes ne représentaient “pas forcément le point de vue des Etats-Unis”. Elle a notamment apporté son soutien au chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, décrit dans des télégrammes comme “irresponsable, imbu de lui-même et inefficace”. “Nous n’avons pas de meilleur ami” que lui, a-t-elle lancé.

Une des notes diffusées mercredi concerne le Pakistan.

Dans un télégramme de 2009, l’ambassadeur américain à Islamabad s’inquiète que des extrémistes puissent mettre la main sur les armes nucléaires au Pakistan. Islamabad a réagi en jugeant les craintes “déplacées”.

Autre réaction: celle du Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui, à l’occasion d’un entretien à CNN, a raillé le système électoral américain, après la diffusion par WikiLeaks d’une note dans laquelle le secrétaire à la Défense Robert Gates donnait la démocratie russe pour “disparue”. M. Poutine a expliqué que lors de deux élections présidentielles américaines le gagnant n’avait pas été celui qui a remporté le plus de suffrages populaires.

La Russie devrait faire l’objet d’autres révélations dans les prochaines semaines, a pour sa part indiqué Olivier Tesquet, journaliste au site owni.fr, proche de WikiLeaks, qui a dit s’attendre début 2011 à des déballages concernant les banques et “plus précisément Bank of America”.