Irlande : appel au sursaut national pour faire voter la rigueur

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à Dublin (Photo : Peter Muhly)

[23/11/2010 10:43:32] DUBLIN (AFP) Le Premier ministre irlandais Brian Cowen, cible d’une fronde grandissante jusqu’au sein de sa coalition, tentait mardi de convaincre ses opposants de mettre de côté les divergences pour approuver une austérité draconienne, préalable au plan de sauvegarde international de l’île.

Ultra fragilisé par l’implosion de sa coalition au pouvoir, le Premier ministre a annoncé lundi soir qu’il acceptait de convoquer des élections anticipées, comme l’exigeaient les Verts, partenaires clefs du gouvernement. Mais il ne le fera qu’après l’adoption du budget pour 2011 et d’un nouveau plan de rigueur quadriennal.

Ces deux exercices très délicats conditionnent la mise en place d’une vaste aide internationale, que l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) continuent à finaliser.

Le plan de rigueur sur quatre ans doit être approuvé mardi matin en conseil des ministres et rendu public mercredi. Le budget doit quant à lui être présenté le 7 décembre mais seules des mesures secondaires seront soumis au vote à ce moment-là, l’adoption définitive ne devant avoir lieu qu’en janvier au mieux. Les élections pourraient ainsi avoir lieu en février ou mars.

“Ce calendrier va mettre à l’épreuve la patience des électeurs”, regrette l’Irish Independent. Le journal juge cependant qu’il “faut adopter le budget”. “Toute autre considération est insignifiante”, tranche-t-il.

Le vote du budget et du plan de rigueur quadriennal est “essentiel”, a averti lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Le plan d’austérité vise à ramener le déficit public irlandais à 3% du PIB contre un record de 32% cette année et “formera la pierre angulaire des négociations” sur le vaste plan d’aide international à l’île, a-t-il dit.

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ée en irlande, le 22 novembre 2010 à Dublin (Photo : Peter Muhly)

Brian Cowen appelle à un sursaut national pour tenter de resserrer les rangs au sein de sa coalition, dont deux députés indépendants cruciaux pour la majorité gouvernementale ont annoncé leur retrait, tandis que plusieurs membres de son propre parti, le Fianna Fail, ont demandé sa démission. Une réunion parlementaire de la formation, mardi soir, promet d’être houleuse.

“Les rats quittent le navire”, écrit l’Irish Daily Mail. “Brian Cowen est aveugle, s’accrochant au pouvoir soi-disant dans +l’intérêt national+ tandis que tous ceux qui l’entourent veulent qu’il s’en aille”, souligne l’Irish Examiner.

“Si nous ne pouvons pas (adopter le budget), il n’y aura pas d’aide” internationale, a cependant averti mardi le ministre des Transports, Noel Dempsey.

M. Cowen devait renouveler ses efforts en vue d’arracher le soutien de l’opposition lors de la traditionnelle séance de questions parlementaires, mardi après-midi, qui s’annonce difficile.

Au plus bas dans les sondages, M. Cowen aura fort à faire. Un porte-parole du Fine Gael, principal parti d’opposition, a réitéré mardi un appel à la démission immédiate du gouvernement. “A quoi bon préparer un plan quadriennal alors qu’ils ne vont pas être là pour le mettre en oeuvre”, a souligné James Reilly.

L’opposition est encouragée par l’impopularité record du gouvernement et par le vif mécontentement de la population. Les électeurs dénoncent “l’humiliation” que représente, selon eux, l’appel à l’aide extérieure pour régler les problèmes de l’île, tout comme la sévérité des mesures de rigueur attendues.

De nombreux efforts ont déjà été demandés aux quelque 4,3 millions d’Irlandais. Après une baisse des allocations chômage et familiales, ainsi que d’importantes suppressions d’emplois publics, le nouveau plan de rigueur veut aller encore plus loin, en réduisant le salaire minimum.