Aux Etats-Unis, internet est un facteur d’intégration sociale pour les handicapés

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Une chaise roulante (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[07/09/2010 20:54:06] SAN FRANCISCO (Etats-Unis) (AFP) Sally Harrison est handicapée mentale mais sur Facebook, cette femme de 35 ans ne se sent pas différente des autres: internet et les logiciels informatiques sont une forme de libération pour une frange de la population autrefois marginalisée.

Victor Tsaran est aveugle, ce qui ne l’empêche pas de parcourir le web à la vitesse de l’éclair, grâce à son iPhone à écran tactile. Il est aussi directeur de projet au “laboratoire d’accessibilité” mis en place par Yahoo!

Pour Sally Harrison, Facebook a été un instrument qui l’a aidée à passer d’un logement dans une résidence médicalisée, où elle disposait d’une autonomie minimale, à l’obtention d’un emploi et son propre appartement.

“Elle a commencé à s’épanouir après cela”, souligne Lisa Giraldi, directrice exécutive de Pacific Diversified Services (PDS), une organisation qui se consacre à l’intégration sociale des adultes handicapés physiques ou mentaux.

“Cela m’a beaucoup aidé”, dit la jeune femme interrogée par l’AFP, qui souffrait d’une faible estime de soi avant de devenir cliente de PDS. Elle a aujourd’hui 83 “amis” sur Facebook, dont des membres de sa famille, à qui cela permet de garder un oeil sur elle.

PDS veut permettre aux handicapés de vivre de manière aussi indépendante que possible en s’aidant de Facebook, du courrier électronique ou des groupes de discussion en ligne. Sur Facebook, “ils peuvent devenir amis avec des amis d’amis, exactement comme nous… c’est un égalisateur social, en quelque sorte”, dit Lisa Giraldi.

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La page d’accueil du site Facebook (Photo : Loic Venance)

Pour Victor Tsaran, l’un des avantages des réseaux sociaux sur internet est que “les gens ne vous jugent pas avant tout en fonction de votre handicap”. Internet forme une sorte de “bouclier” qui protège des préjugés, dit-il.

Apprendre aux handicapés à télécharger des images ou acheter des chansons sur iTunes, la boutique en ligne d’Apple, sont une des prestations de base de PDS. “Cela les aide à ressentir un niveau d’indépendance qui les aide vraiment à se sentir bien”, dit Mme Giraldi.

L’équipe de Victor Tsaran s’emploie de son côté à aplanir les barrières entre les valides et les handicapés lorsqu’ils utilisent Yahoo!.

Pour Alan Brightman, chargé des handicapés au sein de la firme californienne, c’est non seulement un impératif éthique, mais aussi une nécessité commerciale. Les handicapés sont 60 millions aux Etats-Unis, et leur revenu cumulé atteint les 1.000 milliards de dollars

“Les handicapés sont des clients potentiels, ils achètent des choses”, souligne-t-il. “Ils ne se contentent pas d’acheter des fauteuils roulants”.

Le laboratoire de Yahoo! propose notamment des pages dont les photos sont codées de telle manière que les aveugles peuvent en avoir une description audio.

Il existe aussi des logiciels permettant aux personnes à mobilité très réduite de contrôler l’écran par l’intermédiaire d’un seul doigt, du souffle, d’un mouvement de tête ou de mâchoire.

Apple a fait de “l’accès universel” à ses produits un impératif, selon M. Brightman, qui a travaillé 14 ans pour la firme à la pomme. “L’iPhone est le smartphone le plus populaire auprès des non-voyants, car Apple l’a conçu en pour le rendre accessible”, souligne-t-il.

Les logiciels de Windows intègrent aussi des options pour les handicapés. Et d’autres concepteurs de logiciels s’y sont mis, comme AssistiveWare, qui vient de sortir Proloqui2go pour aider les personnes ayant des difficultés d’élocution à parler par le truchement de leur tablette iPad.

D’autres logiciels permettent à l’inverse de convertir la voix en texte.

Les handicapés “devraient pouvoir faire la même chose que les autres, mais à leur manière”, résume Alan Brightman.