Vladimir Poutine croit dur comme fer en l’euro

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à Sotchi (Photo : Yuri Kadobnov)

[09/06/2010 13:52:03] SOTCHI (Russie) (AFP) Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a volé au secours de l’euro en exprimant sa “confiance” en la monnaie européenne, dont il juge les difficultés “temporaires”.

“Nous faisons confiance et nous avons foi, sinon nous ne garderions pas en monnaie européenne une telle quantité de nos réserves de devises”, a déclaré M. Poutine à l’AFP dans une interview réalisée lundi à Sotchi (sud) et diffusée à la veille d’un voyage de deux jours en France où il sera fortement question de relations économiques et commerciales.

Les réserves de la Banque centrale de Russie étaient composées au 1er janvier 2010 de parts à peu près égales de dollars et d’euros (44,5% et 43,8% respectivement). Moscou répète en outre régulièrement qu’il souhaite que le billet vert ne soit pas la seule monnaie de réserve internationale au monde.

Cette confiance reste de mise en dépit de la tempête qui souffle en Europe sur les économies et les marchés, a déclaré le chef du gouvernement.

“Nous ne comptons pas changer notre rapport à l’euro en tant que monnaie de réserve”, a-t-il assuré.

L’ancien maître du Kremlin, qui a cédé le fauteuil de président à Dmitri Medvedev en 2008 mais reste l’homme fort du pays, considère qu’il n’y a pas d'”explication objective” à la baisse de la monnaie européenne et parie que la casse sera limitée.

“Oui, il y a quelques difficultés, mais je suis sûr qu’elles sont temporaires”, a-t-il estimé.

L’Union européenne est de loin le premier partenaire commercial de la Russie. Celle-ci a jusqu’à présent été épargnée par les soubresauts de la crise grecque et de la chute de l’euro après une année 2009 très difficile qui avait vu son Produit intérieur brut s’effondrer de près de 8%.

“Dans l’ensemble, les fondements de l’économie européenne sont assez forts. Il y a de véritables leaders en matière de stabilité. Ce sont les économies de l’Allemagne, de la France et personne n’a intérêt à détruire l’UE. Je pense que Mme Merkel a raison : sans euro, pas d’UE. Ou alors ce sera quelque chose de différent ayant le nom d’UE”, a poursuivi le Premier ministre russe.

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à Sotchi (Photo : Yuri Kadobnov)

Pour Vladimir Poutine, “les autorités économiques européennes agissent dans l’ensemble de manière absolument correcte”.

L’Europe toute entière tente de rassurer les marchés affolés par la crise de la dette avec une cure d’austérité qui s’étend à tous les pays et une surveillance plus sévère des budgets et des statistiques.

Les ministres européens des Finances ont trouvé cette semaine un accord de principe pour doter l’office européen des statistiques Eurostat de pouvoirs d’enquête élargis, avec des droits d’inspection dans les pays de l’UE afin de vérifier la fiabilité des données qu’ils fournissent sur leur dette.

L’euro est tombé ces derniers jours à son plus bas depuis quatre ans, sous 1,20 dollar.

Alors que les Européens s’interrogent de plus en plus sur leur avenir, le Premier ministre russe, ancien patron des services secrets et connu notamment pour avoir passé plusieurs années comme agent du KGB en RDA sous l’Union soviétique, a fait part de son admiration pour l’Union européenne.

“L’UE a été difficile à construire et a vu le jour grâce à la force de plusieurs générations, un processus positif pour le monde entier, son économie et sa sécurité”, a-t-il indiqué.

Vladimir Poutine sera en France jeudi et vendredi. Il rencontrera son homologue François Fillon. Sa visite intervient trois mois après celle de Dmitri Medvedev.