à Berlin (Photo : Nigel Treblin) |
[21/05/2010 09:56:10] BERLIN (AFP) Les députés allemands devaient donner leur feu vert vendredi à la participation du pays au plan européen de plusieurs centaines de milliards d’euros de soutien à la zone euro, le jour où Berlin tentait à Bruxelles d’imposer une discipline budgétaire de fer à l’UE.
Deux semaines jour pour jour après l’adoption d’un plan de soutien très controversé à la Grèce, les députés du Bundestag, chambre basse du parlement, étaient appelés à se prononcer sur une aide d’une toute autre ampleur, qui verra l’Allemagne contribuer jusqu’à 148 milliards d’euros à un mécanisme de prêts et de garanties pour ses partenaires les plus endettés.
“La défense de notre monnaie est notre responsabilité commune”, a plaidé lors du débat le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. “Les marchés ne retrouveront la confiance que lorsque (le plan) sera adopté. c’est une réalité, les marchés regardent plus vers l’Allemagne que vers la Grèce ou Malte”.
Avant la première lecture mercredi au Bundestag Mme Merkel avait été encore plus dramatique en évoquant un “euro en danger”.
L’issue du vote ne faisait pratiquement pas de doute, le gouvernement de centre-droit (conservateurs/libéraux) pouvant compter sur une large majorité. La chambre haute (Bundesrat) devait acquiescer, sans vote, dans l’après-midi.
à Berlin (Photo : Michael Kappeler) |
Les débats –menés encore une fois au pas de course– ont rappelé ceux du début du mois, M. Schäuble invoquant la “responsabilité commune” pour l’euro, et l’opposition reprochant au gouvernement son manque de fermeté.
Dans l’opinion, le plan massif de soutien des pays fragilisés de la zone euro, décidé dans l’urgence pour sauver la monnaie unique, a fait moins de vagues que l’aide à la Grèce, pour laquelle l’Allemagne va débourser au plus 22 milliards d’euros.
En revanche les députés ont augmenté d’un cran leurs exigences, réclamant en contrepartie de leur aval des engagements forts de Berlin en matière de renforcement des mécanismes européens et de régulation financière.
Les ministres des Finances européens devaient précisément débattre dans l’après-midi à Bruxelles d’une réforme du pacte de stabilité, qui lie les pays membres de la zone euro, et M. Schäuble arrivera avec une liste de propositions allemandes en neuf points.
Conditionnement des aides européennes à la discipline budgétaire, possibilité de retrait de leurs droits de vote aux mauvais élèves, introduction d’un plafonnement constitutionnel de l’endettement à l’allemande, création d’une procédure de mise en faillite d’un Etat membre: le cahier des charges allemand reprend les idées lancées par Berlin au gré des débats ces derniers mois, et veut imposer une orthodoxie budgétaire toute germanique aux partenaires européens.
Dans le cadre plus large du G20, la chancelière Angela Merkel a promis de s’engager pour une taxation des marchés financiers, telle que son parti et, après un revirement spectaculaire, même ses alliés libéraux, la réclament.
M. Schäuble a réitéré la promesse jeudi: si aucun accord n’est possible au G20, ni en Europe à cause des réticences britanniques, un mécanisme dans la seule zone euro sera visé.
Toutes ces promesses n’ont pas suffi à amadouer les partis d’opposition, qui ont prévu de s’abstenir sur ce vote. “Vous devez envoyer des signaux clairs que vous placez vraiment les gens avant les marchés”, a exigé lors du débat la députée sociale-démocrate Nicolette Kressl, mais “cela ne ressort pas” de vos actes, a-t-elle reproché à la chancelière.
Et dans une interview vendredi, Horst Seehofer, président de la CSU, aile bavaroise de l’Union chrétienne démocrate (CDU) d’Angela Merkel, a jugé pour sa part que la population se sentait “bafouée” par les allers-retours du gouvernement.