Etats-Unis : avec la marée noire, les avocats en première ligne

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à la Nouvelle Orleans, le 8 mai 2010. (Photo : Mark Ralston)

[09/05/2010 08:17:07] BILOXI (Etats-Unis) (AFP) La marée noire qui souille le golfe du Mexique pousse une nuée de professionnels de la mer du sud des Etats-Unis à déposer plainte contre BP, remettant en selle les avocats de la région, déjà très sollicités après le passage de l’ouragan Katrina en 2005.

“La marée noire est tout à fait en mesure de générer beaucoup plus de procédures que Katrina. Katrina était un désastre naturel. J’ai donc surtout traité les dossiers de personnes en délicatesse avec leur assureur. Mais dans le cas du naufrage de la plate-forme (Deepwater Horizon), c’est l’homme qui est responsable”, explique à l’AFP Judy Guice, une avocate de Biloxi, dans le Mississippi.

Son confrère James Gardner, lui aussi de Biloxi, souligne que “les gens ne veulent pas nécessairement attaquer BP d’entrée de jeu. Ils me demandent d’abord: +mais qu’est ce que je vais faire? J’ai des factures à payer+. (…) Cela va du pêcheur au coiffeur qui m’explique qu’il est en train de perdre ses clients parce qu’ils n’ont plus les moyens de se faire couper les cheveux”.

Me Gardner possède trois bureaux dans le Mississippi. Au début de la semaine, ses associés et lui ont décidé de se payer des encarts publicitaires dans la presse locale, exhortant les “pêcheurs, propriétaires de bateaux et restaurateurs” à appeler son cabinet pour “une consultation gratuite”.

Contrairement à leurs confrères français, les avocats américains ont parfaitement le droit de faire de la publicité dans la presse grand public.

Et cela semble marcher: James Gardner dit avoir “une tonne de numéros à rappeler”.

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ôlé dans le Golfe du Mexique pour tenter d’endiguer la marée noire le 7 mai 2010. (Photo : Jeffery Tilghman Williams)

Me Clyde Gunn a, lui aussi, eu recours à la publicité dans le journal local. Il affirme avoir été l’un des tout premiers à porter plainte contre BP et les firmes impliquées dans l’exploitation de la plate-forme.

La plainte en nom collectif, dont l’AFP s’est procurée copie, est datée du 30 avril, huit jours après le naufrage de la plate-forme. Un pêcheur, un loueur de bateaux et trois entreprises de conditionnement de fruits de mer et de poissons du Mississippi attaquent notamment BP et Transocean (le propriétaire de la plate-forme) pour “négligence” et disent devoir subir “un manque à gagner”, dont le montant n’est pas précisé.

Selon les avocats consultés par l’AFP, au moins 65 plaintes auraient été déposées contre BP et ses associés depuis le naufrage. La compagnie pétrolière n’a pas souhaité commenter ce chiffre. Vendredi dernier, une porte-parole avait toutefois précisé que BP paierait des dommages et intérêts aux personnes touchées par la marée noire en mesure de “présenter des plaintes légitimes”.

“Ces procédures vont prendre plusieurs années”, prévient Me Gunn. Pour pouvoir quantifier leur manque à gagner, il conseille à ses clients de réunir tous les documents (déclarations d’impôts, factures…) qui permettent de déterminer leurs revenus des années passées.

Jim Young, un loueur de bateaux de Biloxi, dit songer à emboîter le pas aux clients de Clyde Gunn. “Jusqu’au mois de juillet j’avais 65 réservations. Mais là, c’est mal parti. Cela représentait environ 30.000 dollars”, se lamente-t-il.

Pour colmater ce trou dans ses revenus, M. Young a décidé de mettre son bateau de 15 mètres à disposition de BP pour aller nettoyer le golfe du Mexique. Il vient tout juste de signer un contrat avec la compagnie, mais sans garantie d’être appelé.

“Ils paient 2.000 dollars par jour. Et s’ils ne m’appellent pas pour travailler, je les attaquerai en justice. BP me doit beaucoup d’argent”, lance-t-il.