“Shankaboot”, première web-série du monde arabe

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à Taalabaya le 13 avril 2010. (Photo : Joseph Eid)

[26/04/2010 09:02:03] TAALBAYA, Liban (AFP) Sleimane est un livreur débrouillard et gouailleur et le héros de la première série arabe exclusivement diffusée sur Internet. Tournée dans un style relativement audacieux, cette web-série dresse un tableau vivant du quotidien libanais.

“Cette série parle de la vie ordinaire des gens, telle qu’on la voit dans la rue”, explique à l’AFP Katia Saleh, productrice de “Shankaboot”, le nom qu’elle a donné au feuilleton.

Financé par la BBC World Service Trust en coopération avec la maison de production “Batoota Films”, la série dépeint les multiples facettes de Beyrouth à travers le regard de Sleimane, sorte de Gavroche libanais qui sillonne les rues de sa ville pour livrer médicaments, bonbonnes de gaz et nourriture.

Si les films, la musique et les programmes télévisés sont soumis à un contrôle préalable au Liban, la toile a permis à “Shankaboot” une plus grande liberté que celle qu’offre le petit écran: la série traite de drogues, de prostitution et autres sujets jugés tabous.

Dans un monde arabe où les jeunes sont de plus en plus accros à Internet, la série espère donner le coup d’envoi au développement d’un nouveau style qui détrônera les feuilletons télévisés d’Amérique latine et les séries turques très populaires dans la région.

Ecrit dans un langage parlé, le scénario est plus réaliste que celui des feuilletons étrangers en vogue, doublés en arabe littéraire.

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à Taalabaya le 13 avril 2010. (Photo : Joseph Eid)

“Je crois que beaucoup de gens ont aimé les premiers épisodes (pilotes) de Shankaboot, car ils parlent d’eux et comme eux”, souligne Mme Saleh, qui tourne actuellement la deuxième saison de la série, à Taalbaya, un village de la Békaa (est).

Le réalisateur, Amin Dora, a choisi pour la première saison de se concentrer sur la vie de tous les jours dans les quartiers de Beyrouth.

“J’ai voulu montrer la vie réelle dans la capitale et éviter tout ce qui est artificiel”, affirme M. Dora, qui a mis en scène des acteurs non professionnels dont “le jeu reflète parfaitement l’état d’âme des Beyrouthins”.

Hassan Akil, qui incarne Sleimane, a été attiré par le scénario et le projet lui-même. “Je ne regarde pas du tout les chaînes libanaises, ça manque tellement de naturel”, affirme-t-il.

La série n’a pas encore été lancée officiellement, mais pas moins de 7.000 internautes ont suivi les épisodes pilotes et “Shankaboot” compte déjà 5.000 fans sur Facebook.

“Je suis surprise par le succès de la série (sous-titrée en anglais) auprès des expatriés libanais et des étrangers”, dit M. Dora. “Après les internautes arabes, nos principaux spectateurs se trouvent aux Etats-Unis”.

Au cours de la première saison (11 épisodes, d’une durée de cinq minutes chacun), on fait la connaissance de Sleimane, de la belle Roueida et de l’énigmatique et sinistre Chadi: des histoires de drogue, de pauvreté et autres s’entremêlent, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour.

La deuxième saison se déroule dans des zones rurales, dans la plaine de la Békaa avec des personnages et des scènes bucoliques qui tranchent avec le Beyrouth cosmopolitain.

“Sleimane est le personnage principal, mais le vrai héros du feuilleton c’est le lieu où se déroule l’action, que ce soit Beyrouth ou ailleurs”, affirme l’acteur Nasri Sayegh, 31 ans, alias Chadi. “La touche libanaise crève l’écran”.