Bonus et climat : l’Europe met la pression sur les Américains

[17/09/2009 22:27:04] BRUXELLES (AFP)

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édois Fredrik Reinfeldt (D) au côté du président français Nicolas Sarkozy, le 17 septembre 2009 à Bruxelles (Photo : Gerard Cerles)

Les dirigeants de l’Union européenne ont mis la pression jeudi sur les Etats-Unis pour obtenir au prochain sommet du G20 des règles mondiales strictes afin de limiter les bonus bancaires, ainsi que des engagements plus ambitieux sur le climat.

“Ce soir la bulle des bonus a éclaté”, a proclamé le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside l’UE, à l’issue de la réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, pour préparer le sommet de Pittsburgh des 24 et 25 septembre.

Le texte final demande clairement la possibilité d’une “annulation” des bonus “lorsque les résultats de la banque connaissent une évolution négative”.

Le président français Nicolas Sarkozy, qui milite depuis des semaines pour un plafonnement des bonus, s’est félicité du fait que “la notion de malus a été clairement introduite”.

Le texte des dirigeants des 27 pays de l’UE reprend l’essentiel d’une proposition de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne début septembre.

Il demande que les pays riches et émergents présents au sein du forum du G20 se mettent d’accord sur le fait que la “rémunération variable” versée aux banquiers soit limitée en étant liée “à la performance à long terme” des banques.

Les pays de l’UE soulignent en particulier la nécessité que le G20 instaure des “règles contraignantes” sur les bonus, “soutenues par la menace de sanctions au niveau national”.

Toutefois, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pu s’entendre pour demander clairement un “plafonnement” des bonus avec une limite absolue, comme le souhaite la France. Et ce du fait de l’opposition britannique. Tout au plus, ont-ils indiqué qu’il fallait “étudier” cette possibilité.

“Les Britanniques ont des problèmes avec ça, les Américains également, donc nous nous sommes mis d’accord sur cette formule qui ne veut rien dire, (disant) que nous allons étudier la question”, a regretté le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.

“Mais moi je suis persuadé que viendra le moment où Britanniques et Américains nous rejoindront sur cette position, si jamais nous devions la faire nôtre” sur le continent européen, a-t-il ajouté.

L’administration américaine est très réticente à adopter de telles règles contraignantes.

Le président américain Barack Obama a clairement signifié cette semaine qu’il était opposé à de telles limitations individuelles des bonus, contraires à ses yeux à la culture de libre entreprise des Etats-Unis.

Les Européens ont discuté par ailleurs de l’idée d’une “taxe Tobin” sur les transactions financières, relancée récemment après la crise bancaire. Mais ils sont apparus divisés sur ce sujet.

L’Allemagne, l’Autriche et la France s’y sont montrées favorables, mais la Suède est contre, tandis que le Royaume-Uni ou le Luxembourg ont souligné que la mesure n’était praticable que si elle est appliquée dans le monde entier.

“Nous n’étions pas à même de nous mettre d’accord aujourd’hui”, a résumé M. Juncker.

Les Européens ont aussi accru la pression sur les Etats-Unis sur un autre sujet: pour qu’ils fassent plus d’efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique, avant le sommet sur le climat de Copenhague en fin d’année.

Jusqu’ici l’Europe est restée sur sa faim malgré les espoirs placés dans l’administration Obama.

“Tous les pays qui ne l’ont pas encore fait devraient de manière urgente prendre des engagements ambitieux pour réduire leurs émissions à moyen terme”, souligne le document final des dirigeants.