La fondation Al Maktoum : un outil qui porte en lui l’avenir

« Avec 10 milliards de dollars, on pourrait mettre à l’école
tous les enfants non scolarisés dans le monde», déclarait l’ancien président
américain, Bill Clinton, lors d’une récente interview accordée au journal le
Figaro magazine. Il ne croyait pas si bien dire, la Fondation Mohamed Bin Rashid
Al Maktoum met justement 10 milliards de dollars pour l’éducation dans le monde
Arabe.

al-maktoum1.jpgAlya
El Moutawa est une jeune femme dynamique et souriante. Très élégante dans sa « aabaya
noire», elle me tend une main franche et chaleureuse : «Savez-vous que le
Cheikh s’est rendu à la soirée consacrée à Abul Kacel Echhebi il y a
quelques jours, dans le cadre du festival de la poésie que nous venons
d’organiser ?». Pour cet événement, pas moins de 500 journalistes et plus de
1.000 poètes sont venus du monde entier. Une occasion en or pour débattre de
la poésie arabe et se partager les dernières inspirations.

Dotée de 10 milliards de dollars, cette fondation est l’initiative la
plus importante jamais lancée pour la promotion de l’éducation dans tout le
monde. Elle se veut une réelle opportunité pour stimuler la renaissance
arabe en termes de pensée, de créativité et de productivité à travers toute
la région. La fondation a vu le jour en 2008. Elle a commencé par établir
des programmes et des centres de recherche. Ses actions peuvent se déployer
sur différents points : fournir des bourses aux étudiants, favoriser
l’émergence d’une nouvelle génération de leaders dans la région, encourager
l’emploi, l’innovation et l’esprit d’entreprise, lutter contre les freins à
la croissance et au progrès du monde arabe …

«Le travail dans cette fondation est un cadeau des dieux. La fondation
oeuvre pour une noble cause et je suis fière de me trouver au milieu de
cette aventure fabuleuse. Nous nous positionnons en tant que pépinière,
d’ailleurs nous en avons déjà mis en place au Maroc, au Liban… La gageure
pour la fondation est de soutenir toutes les initiatives. Nous sommes au
cœur de la jeunesse. Nous nous plaçons au cœur de l’avenir», résume Alya,
non sans enthousiasme.

Encourager la création, toutes les créations

Le fait que Dubaï soit la «Global city» qu’elle est devenue contribue au
fait qu’elle puisse désormais encourager la création, toutes les créations.
Alya définit les enjeux en ces termes : «Nous avons relevé de nombreux défis
dans notre modèle de développement. Il est temps pour nous désormais de
mettre la culture et la création, entre autres artistique, au cœur de notre
système. Dubaï est un modèle de tolérance. L’objectif principal est
d’encourager les gens et les artistes de parler d’eux-mêmes et de leurs
cultures. Le but majeur à atteindre est de produire et de distribuer la
culture arabe».

Le Musée du Prophète Mohamed est le premier édifice qu’attaque la
fondation. Il aura pour vocation d’informer les visiteurs sur l’histoire et
les pratiques de l’islam, et notamment sur le Hajj, le pèlerinage de La
Mecque, que tout musulman doit faire s’il en a les moyens. Ce musée veut
éclairer la vie et l’héritage du Saint Prophète et le message divin pour
lequel il a vécu.

Alya El Moutawa revient souvent dans la conversation sur le Cheikh Al
Maktoum et son fameux livre «My vision». Elle fait partie d’une nouvelle
génération de dubayotes qui ont fait des études à l’étranger et qui
reviennent vite au bercail travailler à l’édification du pays.

Il est difficile de savoir ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent. Cela
ne changerait probablement rien. Seuls les actes comptent. L’admiration
qu’ils portent à la machine dubayote est sans limites. Alya, à sa manière,
l’explique comme suit : «Nous n’avons pas les traditions des musées dans
notre pays. Faut-il pour autant que l’on continue d’en priver les
générations montantes ? Dubaï relève ce genre de défis. Dans une
cinquantaine d’années, les jeunes d’aujourd’hui iront avec leurs enfants aux
musées et cela rentrera dans les habitudes. C’est en cela aussi que ces
projets sont révolutionnaires». Il va de soit que cela s’inscrit aussi dans
le cadre d’une tendance de tourisme interrégional et dans une forte poussée
du tourisme religieux.

Lorsque je corse légèrement l’entretien et attaque de front avec les
répercussions de la crise sur Dubaï, Alya garde son calme. : «C’est à vous
de choisir comment affronter la crise. Il faut immédiatement choisir votre
camp. Regarder tout se détruire, ou saisir l’opportunité. La crise est
précisément une opportunité. Elle est incontestablement là. Bien, faut-il
s’arrêter pour autant ? Aujourd’hui, il convient de contempler ce que vous
avez, de prendre soin de ce que vous avez réalisé et de finir ce que vous
avez commencé, sans oublier de rester smart !».

Capitaliser sur le savoir et tirer leçon des échecs

Restant confiante, la jeune femme dit tout haut ce que beaucoup
contestent tous bas : «Quand le marché dans le monde reprendra, Dubaï sera
la première à repartir». Selon Alya, Dubaï travaille, travaille très dur.
«Notre économie est diversifiée. Pensez-vous que nous reposons uniquement
sur le secteur financier ou immobilier plus qu’un autre ? Allons donc !
Dubaï est dynamique et c’est une réelle économie», affirme-t-elle
malicieusement.

Concernant le rôle des femmes dans la société et dans l’entreprise, Alya
affirme qu’une génération de femmes se met en place. «Les entreprises ont un
impératif de compétences. Il n’y a aucune différence entre femme et homme.
Aucune excuse n’est acceptable pour les femmes de ne pas travailler. Un prix
pour la mère modèle a récemment été instauré. Même la femme au foyer est
récompensée pour son rôle dans l’édification de Dubaï». A ce sujet, malgré
les réticences de certains Émirati, les femmes diplômées ont un rôle notable
sur le marché du travail. Elles représentent 40% des personnes à travailler
dans les fonctions publiques.

La question de préparer aujourd’hui l’après crise est désormais
prioritaire. Est-ce que Dubaï continuera d’offrir une des meilleures
opportunités au monde ? Quels sont les autres pays qui ont une vision aussi
optimiste et avant-gardiste de leur devenir ? Quels pays peuvent se vanter
d’avoir autant de liquidité et de capacité de main-d’œuvre ?

Toute la région bouge incontestablement. Les autres émirats, ainsi que le
Qatar, Bahreïn et l’Arabie Saoudite suivent des modèles semblables à celui
de Dubaï.

Pour Alya El Moutawa et nombreux de ses compatriotes, l’avenir est
radieux. Il faut capitaliser sur le savoir-faire qu’a développé Dubaï. Tirer
des conclusions de ses réussites et échecs pour aller de l’avant. Construire
une région forte et prospère pour les générations futures.

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