Informatique : trois groupes indiens convoitent Satyam

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à Hyderabad, en Inde (Photo : Noah Seelam)

[12/03/2009 18:39:14] NEW DELHI (AFP) Trois groupes indiens ont fait part jeudi de leur intérêt pour acheter la majorité du capital de l’ex-fleuron indien de l’informatique Satyam, deux mois après l’éclatement d’un scandale de fraude comptable d’un milliard de dollars que des analystes surnomment le “Enron de l’Inde”.

Le quatrième groupe local de logiciels et services informatiques serait valorisé à 650 millions de dollars, contre quelque 7 milliards en mai 2008, bien avant que cette retentissante histoire ne soit rendue publique et que la crise financière mondiale ne touche l’Inde.

La déconfiture de ce champion de l’infogérance –secteur qui a fait la renommée internationale de l’Inde– a ébranlé le modèle capitaliste de la 10e puissance mondiale, qui craint que sa réputation auprès des investisseurs étrangers n’en soit durablement ternie.

Pour tenter de sauver cette société basée à Hyderabad (sud), cotée à Bombay et à New York, le nouveau conseil d’administration désigné par le gouvernement avait lancé jusqu’à jeudi soir le processus conduisant à la mise en vente de 51% de son capital.

Comme prévu, trois sociétés indiennes ont annoncé être intéressées: la multinationale de l’ingénierie Larsen and Toubro, qui possède déjà 12% de sa proie éventuelle, l’entreprise de télécommunications Spice du magnat B.K. Modi et la filiale informatique Tech Mahindra du conglomérat Mahindra and Mahindra.

Chaque prétendant devra maintenant soumettre d’ici au 20 mars une lettre “détaillée exprimant son intérêt” et prouver qu’il dispose d’au moins 15 milliards de roupies (290 millions de dollars) de fonds, a dit Satyam dans un communiqué.

Tenu par une clause de confidentialité, Satyam n’a pas dévoilé l’identité de tous ses prédateurs.

La presse indienne évoquait ces derniers jours l’intérêt de IBM, mais des sources proches du géant américain ont fait savoir, dans des médias, que cela était hautement improbable.

Satyam devrait fournir les bilans comptables des deux derniers trimestres, mais pas les passifs liés à au moins 13 actions en justice aux Etats-Unis d’actionnaires mécontents. M. Modi a évalué ces passifs à 840 millions de dollars.

Une fois l’acheteteur sélectionné, la vente se déroulera en deux étapes.

Il devra d’abord acquérir 31% d’actions nouvellement émises, puis fera une offre publique d’achat sur 20% de ce mastodonte aux 53.000 salariés et 700 clients dans 70 pays.

Tout le processus de sélection sera supervisé par un ancien ministre de la Justice ou un ex-juge de la Cour suprême.

Il faut dire que cette version indienne de l’affaire Enron –en référence à la spectaculaire faillite en 2001 du courtier en énergie américain– a fait l’effet d’une bombe et constitue le plus grand scandale connu de l’histoire économique de l’Inde.

Le fondateur et président de Satyam, B. Ramalinga Raju, avait démissionné le 7 janvier en avouant une escroquerie comptable de plus d’un milliard de dollars. Il avait révélé avoir falsifié les bilans et fait artificiellement gonfler les bénéfices sur plusieurs exercices.

Il est désormais en prison.

La nouvelle direction a chargé les cabinets KPMG et Deloitte de refaire tous les comptes. D’après eux, il faudra six mois pour mesurer l’ampleur de la fraude.

Mais “la valorisation de Satyam n’est pas claire. Sur quelle base l’acheteur pourrait déterminer la valeur du groupe ?”, s’est interrogé Hitesh Agrawal, du courtier Angel Broking.

De plus, l’entière vérité risque de ne jamais être connue: l’Etat indien enquête depuis janvier sur de présumés délits d’initiés et le New York Times affirmait à l’époque, sur la foi d’un enquêteur anonyme, que l’ex-patron Raju avait en fait siphonné une partie de l’argent.