Italie : la semaine de la mode amputée, le secteur textile appelle à l’aide

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ésente une création de Donatella Versace lors de la semaine de la mode automne-hiver 2008 à Milan (Photo : Giuseppe Cacace)

[25/02/2009 09:54:46] MILAN, Italie (AFP) La semaine de la mode milanaise s’ouvre mercredi dans la morosité avec un calendrier amputé d’une dizaine de défilés pour cause de crise, alors que le Made in Italy s’alarme de la baisse des commandes et réclame des mesures urgentes pour la filière textile.

Soixante-dix neuf maisons de couture et stylistes figurent au programme officiel de la Fashion Week de Milan (25 février-4 mars), contre 93 en septembre pour les collections d’été et 95 en février 2008.

“Il y a une dizaine de défilés en moins”, a reconnu le président de la Chambre de la mode, Mario Boselli, en marge de la conférence de presse présentant la semaine de la mode.

Il a notamment expliqué ces défections par “la prudence” des acheteurs du secteur, qui sont “moins nombreux” que d’habitude à avoir confirmé leur venue à Milan car “ils cherchent à faire des économies”.

Mais si la présentation des collections homme en janvier s’était déroulée “dans un contexte terrible et une atmosphère de crise avec 20% de défilés en moins”, Mario Boselli a tenu à souligner que “tous les grands noms de la mode sont présents” dans le calendrier des collections femme.

La dizaine de petites maisons de couture qui ont renoncé à défiler rechignent cependant souvent à reconnaître des difficultés financières.

Interrogée par l’AFP, La Perla, célèbre marque de lingerie qui a lancé sa ligne de prêt-à-porter en 2002, préfère invoquer des “raisons stratégiques et non économiques”, tandis que la petite marque AB Soul indique du bout des lèvres que son absence est “plus ou moins liée à des coupes budgétaires”.

Dans ce contexte, le secteur du Made in Italy – textile, habillement, cuir, chaussures, lunettes – a lancé un cri d’alarme la semaine dernière, réclamant à l’Etat des mesures d’urgence pour la filière à l’instar des aides prévues pour l’automobile ou l’électroménager.

“Depuis un mois et demi, toutes les commandes sont bloquées, la situation est explosive,” a averti le président de la Fédération du textile et de la mode, Michele Tronconi.

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ésente une création de La Perla lors de la semaine de la mode automne-hiver 2008 à Milan (Photo : Damien Meyer)

“Nous représentons pourtant de 20 à 25% du textile/habillement européen. Notre filière emploie 500.000 personnes et pèse près de 54 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Et nous estimons que pour 2008, notre secteur à lui seul dégagera un solde positif de 9,8 milliards d’euros dans la balance commerciale de l’Italie”, a-t-il souligné.

Le ministère du Développement économique a annoncé la tenue jeudi d’une “table-ronde” avec les représentants de la filière.

Du côté des grands noms de la mode italienne, pas d’affolement en vue, la grande majorité semblant pour l’instant épargnée par la crise.

Giorgio Armani a ainsi inauguré il y a quelques jours un immense “concept store” de 4.000 m2 sur la cinquième avenue à New York. “Je ne me sentais pas de faire la fête au caviar (pour l’inauguration). Par les temps qui courent, on ne peut pas”, avait cependant glissé “Re” Giorgio, cité par La Repubblica.

Le styliste florentin Roberto Cavalli a lui annoncé l’ouverture le 7 mars à Paris d’un magasin de cinq étages Faubourg Saint-Honoré.

“Si ce n’est pas une folie en ces temps de crise que nous traversons…! Mais j’y tenais beaucoup. C’était mon rêve”, a-t-il confié au quotidien La Stampa.