L’Allemagne s’inquiète de l’avenir d’Opel, suspendu à General Motors

[18/02/2009 16:35:17] FRANCFORT Allemagne, (AFP)

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à Eisenach en Allemagne, le 18 février 2009 (Photo : Jens-Ulrich Koch)

L’Allemagne guettait avec inquiétude mercredi le moindre détail sur le plan de restructuration du constructeur américain General Motors, maison-mère d’Opel, dont certaines usines pourraient fermer.

La veille, GM a promis des suppressions d’emplois massives en dehors des Etats-Unis, notamment en Europe où il veut économiser plus d’un milliard d’euros. Mais sans donner plus de détails.

Mercredi, dans une déclaration commune, la direction de General Motors Europe et le comité d’entreprise européen ont annoncé l’ouverture de négociations sur le “processus de restructuration” qui devra voir comment “peuvent être évitées les suppressions d’emplois et les fermetures d’usines”.

Par ailleurs, la direction est prête “à négocier sur des partenariats ou les participations de tiers”, selon cette déclaration.

En Allemagne, l’inquiétude est vive. La presse a évoqué l’hypothèse de fermetures de sites en Europe, dont au moins une en Allemagne. Serait notamment visée l’usine de Bochum, ville de la Ruhr (ouest) qui a déjà perdu l’an passé l’opérateur de téléphonie mobile Nokia.

Au total, près de 26.000 personnes travaillent pour Opel en Allemagne, où la marque à l’éclair appartient aussi au patrimoine économique du pays.

Mais le constructeur tremble depuis des mois, empêtré dans les immenses difficultés de sa maison-mère, et malmené par la crise. L’an passé, les ventes d’Opel ont chuté de plus de 10%.

Résultat, la menace de fermetures d’usines est prise au sérieux. “Ces rumeurs peuvent être diffusées de façon consciente par les Américains (…) pour se renforcer dans les négociations” avec les syndicats, tempère Frank Schwope, analyste de NordLB, interrogé par l’AFP.

“Mais c’est une option”, ajoute-t-il. GM en effet “a de l’eau jusqu’au cou”, selon lui, avec une demande de voitures qui diminue, générant des surcapacités de production.

Opel va certes mieux que ces dernières années où son image a été très écornée par des problèmes de qualité, mais “il n’est pas non plus le mieux placé en Europe”, selon l’analyste.

Conséquence, il est probable que “si Opel et Saab (la marque suédoise de GM, ndlr) restent sous la coupe de GM, ils seront l’objet de sévères fermetures de sites et de pertes d’emplois”, rappelle Tim Urquhart de IHS Global Insight.

Le projet de restructuration en Europe, dévoilé en partie lundi, prévoit d’ailleurs des mesures “agressives”. Ce plan baptisé “Renaissance” “va faire qu’Opel va mourir au plus tard dans les un an et demi, deux ans”, dénonce le président du comité d’entreprise européen Klaus Franz.

Il réclame la séparation d’Opel d’avec sa maison-mère. Mais un tel choix l’obligerait, selon les analystes, à s’adosser à un concurrent ou à trouver un partenaire technique.

Reste le recours aux pouvoirs publics: Opel a déjà demandé, en fin d’année dernière, des garanties à l’Allemagne. Les discussions n’ont toujours pas abouti. Dépassées par un autre scénario envisagé récemment: celui d’une participation publique au capital d’Opel.

Mardi, Rick Wagoner, le patron de GM a demandé le soutien financier de plusieurs pays, dont l’Allemagne. Mais le gouvernement de la chancelière Angela Merkel a encore répété mercredi que le constructeur n’a toujours pas présenté de “concept viable”.

“Nous attendons ce concept dans les prochaines semaines et ensuite, seulement, nous serons en mesure de tirer les conséquences pour nous”, a expliqué un porte-parole au cours d’une conférence de presse.