SIHER 2009 : “Inévitable, malgré tout”

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promet ? Ça ne promet pas ?… Difficile à dire. Les fidèles du SIHER (Salon
international des équipements de l’hôtellerie et de la restauration) le
savent par expérience : les retombées du Salon ne se déclarent que deux à
trois mois après la tombée du rideau sur la manifestation. Mais une chose
est sûre maintenant : la 19ème édition du SIHER (2008) était franchement
infructueuse, aucune commande (ou très peu) n’ayant été passée. C’est la
18ème édition (2007) qui est restée dans les mémoires pour avoir créé une
dynamique certaine entre exposants et professionnels du secteur de
l’hôtellerie et de la restauration. Avait-on, déjà en 2008, flairé ou
ressenti le spectre de la crise ? Peut-être. Mais quoi qu’il en fût par le
passé, qu’en est-il de cette 20ème édition 2009 ? «C’est le froid total»,
nous confie un exposant, «On ne peut en augurer de rien», nous dit un autre,
«Très peu de visiteurs professionnels cette année», nous déclare un
troisième.

En effet, et contrairement à l’idée assez répandue, le Salon, bien que
réservé aux professionnels, n’est pas pour autant fermé au public.
D’ailleurs, on est tenté de dire que c’est grâce à ce public – quoi que peu
nombreux lui aussi – que le Salon a connu cette année un soupçon
d’animation. Sinon, le froid aurait été autrement glacial. L’on arrive par
couples (d’une classe manifestement huppée), admire les derniers cris des
équipements (meubles, vaisselles, lustres, matériels frigorifiques ou de
cuisine, salles de bains, etc.), s’enquiert des prix et tourne en rond. Les
professionnels, eux, raflent les prospectus, posent une infinité de
questions, prennent des notes sur petits calepins, échangent de cartes de
visites et laissent traîner après leur départ de très vagues promesses de
renouer le contact un jour.

«La SOGEFOIRES vieillit»

Nous rapportons ci-après l’avis d’un exposant,
textuellement et en toute neutralité : «La Foire de La Charguia prend
de l’âge et il est fort temps de la restaurer un petit peu. Déjà qu’elle
est dotée de plusieurs poutres gênantes et très peu pratiques pour les
exposants, celles-ci paraissent comme délabrées et ne sont même pas
drapées. Elle n’a aucune commune mesure avec la Foire du Kram. Il
faudrait se dire que nous payons quand même 100 dinars le mètre carré
loué. Il faudrait surtout se dire qu’il y a parmi nous des exposants
étrangers. Ces étrangers sont habitués aux Foires européennes. De quel
œil voulez-vous qu’ils nous regardent ces étrangers ? Une Foire doit
être assimilée à une salle des fêtes. Ici, c’est plutôt morne, il n’y a
rien d’une fête
».

Quel jour ?… Cela dépendra. Tant que l’hydre de la crise financière
mondiale est là toute grosse, ce jour ne verra peut-être pas…le jour. Il ne
faut pas être nécessairement économiste pour comprendre l’équation : la
crise frappe en tout premier lieu toutes sortes de luxe, le tourisme est
considéré comme un luxe, l’hôtellerie étant le cœur du tourisme, c’est donc
l’hôtellerie qui risque de battre de l’aile. Aussi, se doter de nouveaux
équipements en pareille conjoncture internationale paraît-il farfelu, une
gageure qu’on ne saurait braver ni ne pourrait assumer. Pourtant, ils sont
bien là les exposants, immanquables : «Quoi qu’il arrive, nous ne pouvons
pas ne pas y être. Le Salon est incontournable. Notre absence pourrait
signifier notre inexistence», nous murmure un exposant. C’est probablement
le seul constat positif : les exposants ne lâchent pas prise, n’abandonnent
pas la partie. Ils savent que la situation ne pourrait perdurer
indéfiniment et ils attendent tout simplement que le nuage passe et que la
lumière rejaillisse à nouveau. En attendant, le malaise est perceptible sur
quasiment tous les visages : «Autrefois, le Salon était pour nous un
investissement dont nous savions plus ou moins satisfaisantes les
répercussions. Cette année, franchement, on ne voit rien arriver, notre
investissement ira tout droit dans le compte ‘‘Pertes exceptionnelles’’.
Exceptionnelles, j’espère bien», nous fait remarquer une jeune exposante.

Or, de ce scepticisme qui frise le pessimisme, se dégage contre toute
attente une teinte bien optimiste ; écoutez ce raisonnement fait par un
exposant du nom de Bader Abdellah de la Société VITABRI : «Jusqu’ici, c’est
un tourisme de masse auquel s’est habitué notre pays. On va dire que la
crise frappe tout d’abord sur son passage précisément cette classe moyenne
ou en dessous de la moyenne. Soit. Mais la classe dite aisée ou en dessus de
la moyenne – qui sera également touchée quelque peu par la crise – ne se
privera pas de tourisme et cherchera plutôt d’autres destinations moins
chères que l’Espagne ou la Grèce. C’est la Tunisie –tout comme l’Egypte et
le Maroc– qui profitera alors de cette manne. Et de toutes les manières, il
n’est pas dit que la crise va s’éterniser à jamais».