USA : rebond trompeur des ventes de détail en janvier

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é de Miami en juillet 2008 (Photo : Joe Raedle)

[12/02/2009 18:51:02] WASHINGTON (AFP) Les ventes de détail aux Etats-Unis se sont reprises en janvier après six mois de baisse, mais cette embellie, bien qu’encourageante, risque bien de n’être que temporaire au vu de la dégradation du reste de l’économie américaine.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés jeudi par le département du Commerce, les ventes de détail ont augmenté en janvier de 1% par rapport à décembre.

Les analystes attendaient un nouveau recul de l’indicateur, de 0,8%. Au lieu de cela, celui-ci a connu sa plus forte hausse mensuelle depuis novembre 2007, dernier mois avant le début officiel de la récession américaine.

Mais avec un recul de 3% en décembre et de 2,4% en novembre, la baisse de la fin de l’année a été plus forte que ce qui avait été estimé initialement, et le niveau de ventes de détail à la fin du mois de janvier était encore inférieur de 9,7% par rapport à ce qu’il était un an plus tôt.

La hausse de janvier est “trompeuse” et “ne durera pas”, prévient Ryan Sweet, économiste de Moody’s Economy.com.

Pour lui, elle risque fort d’être corrigée, cet indicateur ayant “été revu systématiquement à la baisse au cours des derniers mois”.

Plusieurs analystes soulignent que janvier est traditionnellement un des mois les plus faibles en terme de ventes et qu’un nouvel ajustement des variations saisonnières pourrait faire partir en fumée une bonne part des gains annoncés jeudi.

Les ventes de détail sont un bon indicateur de la tendance de la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance américaine.

Au quatrième trimestre, celle-ci a reculé de 3,5% en rythme annuel (après une chute de 3,8% pendant les trois mois d’été), faisant perdre 2,47 points de croissance à l’économie du pays, selon les estimations publiées fin janvier.

Pour M. Sweet, l’accentuation de la baisse des ventes de détail sur les deux derniers mois de l’année est le signe que le PIB américain a chuté de plus de 5% au quatrième trimestre, comme le pensaient les analystes avant que le ministère n’estime le recul de l’activité à 3,8% en rythme annuel.

Pour Charmaine Buskas, économiste de TD Bank, la hausse de janvier “reflète le fait que les consommateurs ont utilisé des chèques-cadeaux (reçus pendant les fêtes) et ont profité des fortes remises encore consenties par les commerçants après les vacances” de fin d’année.

La remontée du prix de l’essence, pour la première fois depuis plusieurs mois, a aussi contribué à faire monter les ventes, les chiffres du ministère n’étant pas corrigés des variations de prix.

“Il serait prématuré de conclure que les consommateurs américains sont de retour” pour dépenser, relève Michael Gregory, économiste de BMO Capital Markets.

Le chômage continuant de monter (les nouvelles inscriptions ont dépassé le seuil des 600.000 dossiers pour la deuxième semaine de suite, selon des chiffres officiels publiés jeudi), “les inquiétudes des ménages concernant leurs revenus s’ajoutent à celles concernant leur patrimoine”, du fait de la chute des prix de l’immobilier, “et sapent leur confiance”, ajoute-t-il.

Nombre d’analystes s’accordent cependant sur un point: la hausse de janvier, bien que ne devant pas durer, annonce une baisse moins forte de la consommation au 1er trimestre et permet d’espérer que le plancher sera bientôt atteint.