Japon : un déluge de mauvaises nouvelles confirme la gravité de la récession

[30/01/2009 10:41:12] TOKYO (AFP)

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à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

Baisse record de la production, hausse brutale du chômage, consommation en chute libre: une nouvelle série d’indicateurs catastrophiques a confirmé vendredi la gravité de la récession au Japon, où les entreprises annoncent des pertes colossales et licencient massivement.

Selon des statistiques officielles, la production industrielle s’est effondrée de 9,6% en décembre sur un mois –un nouveau record historique, le taux de chômage a bondi d’un demi-point de pourcentage à 4,4%, la consommation des ménages a accéléré sa dégringolade entamée il y a dix mois (-4,6%) et le retour à la déflation se confirme dans la deuxième économie mondiale, les prix à la consommation n’ayant augmenté que de 0,2% sur un an. Tous ces chiffres se sont avérés bien plus mauvais que les prévisions des économistes.

Ces exécrables nouvelles macroéconomiques ont été accompagnées d’un déluge d’annonces apocalyptiques en provenance des entreprises frappées de plein fouet par la crise économique mondiale. NEC va ainsi supprimer 20.000 emplois dans le monde et terminer profondément dans le rouge l’exercice 2008-2009. Hitachi va licencier 7.000 personnes et achever l’année sur une gigantesque perte nette de 700 milliards de yens (5,8 milliards d’euros).

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ésentation d’un téléphone mobile “souple” de NEC, le 11 novembre 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

De plus, selon le quotidien Nikkei, le géant automobile Toyota s’apprête lui aussi à annoncer une perte d’exploitation colossale pour l’exercice 2008-2009 (s’achevant fin mars) de 400 milliards de yens (3,3 milliards d’euros) au lieu des 150 milliards prévus en décembre.

Le deuxième constructeur automobile Honda a également abaissé ses objectifs annuels, même s’il compte se maintenir dans le vert cette année. Le groupe d’informatique Fujitsu va, lui, plonger dans le rouge.

Ces informations s’ajoutent aux résultats exécrables publiés jeudi par les groupes électroniques Sony et Toshiba, qui s’attendent à finir l’exercice dans le rouge et ont annoncé des milliers de suppressions d’emplois. Toujours cette semaine, le fabricant de verre Nippon Sheet Glass a annoncé 5.800 suppressions de postes, et le fabricant de composants électroniques NEC Tokin 9.450.

Selon le gouvernement, on comptait fin décembre 2,7 millions de chômeurs, soit 390.000 de plus qu’un an plus tôt. Et la plupart des économistes pronostiquent une nette aggravation en 2009.

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éhicules du constructeur japonais Toyota depuis 2005 (Photo : Er)

La production industrielle, plombée par l’automobile et l’électronique, a battu un record de baisse pour le deuxième mois d’affilée, et le gouvernement prévoit de nouvelles contractions en janvier et février.

“La production de février ramènera le Japon à son niveau de 1983. La production aura plus chuté en cinq mois qu’elle n’a augmenté au cours du quart de siècle qui a précédé”, a souligné Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities, en parlant de “désastre”.

A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a dégringolé de 3,12% en clôture.

“Je n’ai jamais vu une chute de la production aussi brutale. Le problème est très sérieux”, a déclaré le ministre de la Politique économique et budgétaire, Kaoru Yosano, ajoutant qu’il était impossible de prévoir une amélioration.

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à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

Le Japon est entré en récession depuis le troisième trimestre 2008. Les économistes prévoient pour la plupart que la chute du Produit intérieur brut (PIB) dépassera les 10% au quatrième trimestre 2008. La Banque du Japon a averti que cette sévère récession durera deux ans.

“Il est maintenant clair que l’économie japonaise est tombée dans un gouffre au dernier trimestre de l’an dernier”, ont commenté les analystes du Crédit Suisse dans une note, en prévoyant un effondrement historique du PIB de 11,5% par rapport au trimestre précédent.

Les industries japonaises sont frappées de plein fouet par l’appréciation du yen face au dollar et à l’euro, qui déprime des exportations déjà affectées par l’effondrement de la demande en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Les exportations ont ainsi connu en décembre une chute record de 35%, selon des statistiques publiées le 22 janvier.