L’horizon économique s’assombrit un peu plus pour les pays des Balkans

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ésident serbe Boris Tadic à l’Assemblée générale des Nations Unies le 23 septembre 2008 à New York (Photo : Timothy A. Clary)

[21/01/2009 13:46:05] BELGRADE (AFP) L’horizon économique s’assombrit encore pour les pays des Balkans sous les effets de la crise mondiale et les prévisions de croissance pour 2009, en forte réduction après des années d’euphorie, apparaissent d’ores et déjà bien optimistes pour plusieurs d’entre eux.

Le président serbe, Boris Tadic, a envisagé lundi l’éventualité d’une révision budgétaire.

“Par les temps qui courent, vous ne pouvez pas vous contenter de dire: voici le budget, le prochain sera dans un an. Vous devez l’évaluer tous les trois mois”, a déclaré M. Tadic sur la chaîne de radio et télévision B92.

“J’espère que nous n’aurons pas à procéder à un rééquilibrage budgétaire, mais si certains indicateurs sont mauvais, ce gouvernement (…) devra réagir en conséquence”, a ajouté le président serbe.

Un tel rééquilibrage pourrait être examiné parmi les “mesures d’intervention de l’Etat” face à la crise, a poursuivi M. Tadic en évoquant, au titre de réductions possibles des dépenses, les “emplois fictifs” au sein de l’administration.

Une révision budgétaire en Serbie devrait avoir lieu “en juin au plus tard” car les projections actuelles ont été établies à l’automne dernier, où prévalait un “scénario plus optimiste” quant aux prévisions de croissance, estime Vladimir Gligorov, de l’Institut pour les études économiques internationales, à Vienne.

Les autorités serbes misent sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 3% en 2009 contre 7% en 2008. La Serbie avait connu auparavant plusieurs années avec des croissances de plus de 7%.

Vladimir Gligorov relève que la croissance serbe pourrait être encore plus faible cette année, “proche de 0%”.

“Je n’excluerais même pas pour ma part une croissance négative”, ajoute-t-il en soulignant que ce ralentissement accéléré va contraindre Belgrade à des choix très difficiles, “soit augmenter les taxes ou réduire les dépenses. Les deux nécessitent une révision budgétaire”.

Pour M. Gligorov, Belgrade devra choisir entre la réduction des salaires et des retraites, ou revoir des projets d’infrastructures.

Stojan Stamenkovic, de l’Institut d’Economie à Belgrade, escompte une croissance de 0,5% pour cette année.

Le même pessimisme prévaut en Croatie. Le budget d’austérité adopté en décembre misait sur une hausse du PIB de 2%, une prévision que le gouvernement croate a depuis lors revu à la baisse.

La Banque centrale croate prévoit quant à elle une hausse modeste de 1% en 2009.

Sous la pression des syndicats, Zagreb a renoncé à geler cette année une augmentation prévue de 6% des salaires dans la fonction publique. Mais d’importants projets d’infrastructures devraient passer au second plan ou être étalés dans le temps.

Ce ralentissement de la croissance s’explique en particulier par la baisse des échanges avec l’Union européenne, qui est le premier partenaire de l’ensemble des pays de la région, la raréfaction du crédit, qui entraîne à son tour une diminution de la consommation et la baisse des investissements directs étrangers.

Au Monténégro, les investisseurs immobiliers sont devenus très prudents et préfèrent reporter plusieurs projets, les prix des appartements sur la côte Adriatique étant en fort recul.

En Macédoine, “personne n’investit et tout le monde épargne. Les banques réduisent les prêts”, explique un expert économique, Ljubomir Kekenovski.

Mais les transferts des différentes diasporas, essentiels pour plusieurs pays de la région, sont aujourd’hui menacés.

En Albanie, ces transferts ont baissé de 13% au cours des neuf premiers mois de 2008 par rapport à la même période de 2007.

La croissance historique enregistrée dans l’ensemble de la région depuis le début des années 2000 est bel et bien terminée.