Le groupe espagnol de BTP Sacyr allège sa dette en vendant Itinere

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Le logo du groupe de construction espagnol Sacyr Vallehermoso (Photo : Eric Piermont)

[01/12/2008 12:53:10] MADRID (AFP) Le groupe espagnol de BTP Sacyr Vallehermoso, lourdement endetté, s’est offert lundi une bouffée d’oxygène en vendant sa filiale d’autoroutes Itinere à la banque américaine Citigroup, mais continue de négocier la vente polémique de sa part de 20% dans le groupe pétrolier Repsol.

Un fonds de la banque américaine Citigroup, Citi Infrastructure Partners, va lancer une offre publique d’achat sur 100% d’Itinere, une filiale que Sacyr détient à 90%, proposant 3,96 euros par action ce qui la valorise à 2,87 milliards d’euros.

Sacyr va progressivement vendre sa participation à Citi, pendant et après l’offre, jusqu’à arriver à zéro au cours de 2009, a expliqué lors d’une conférence de presse sa directrice générale exécutive Ana de Pro.

Mais surtout, Citi va récupérer plus de 5 milliards d’euros de dette qui pesaient jusqu’ici sur Sacyr.

La dette de Sacyr, qui était de plus de 19 milliards d’euros au début de l’année, menaçait de faire s’effondrer le groupe, un des principaux du BTP espagnol en pleine crise.

A l’issue de l’opération, la dette sera ramenée à environ 12 milliards d’euros, et la “dette nette corporative à court et moyen terme se réduit à zéro”, a affirmé Mme de Pro, signifiant que le groupe pourra faire face à ses engagements.

Malgré cette bouffée d’oxygène, Sacyr n’a pas l’intention de renoncer à l’idée de vendre ses 20,01% dans le pétrolier espagnol Repsol.

Interrogée sur l’éventuel impact de la vente d’Itinere sur l’opération Repsol, Mme de Pro s’est contentée de dire que Sacyr voulait “évidemment” toujours vendre sa part du pétrolier espagnol.

Cette part pourrait tomber dans l’escarcelle du groupe russe Loukoïl, mais l’intérêt du groupe privé russe suscite une tempête politique en Espagne, où la droite accuse le gouvernement socialiste de ne rien faire pour empêcher qu’un groupe énergétique “stratégique” comme Repsol ne tombe, tout ou partie, entre les mains d’une “entreprise douteuse” liée au Kremlin.

Selon le journal conservateur ABC de lundi, plusieurs autres acquéreurs pourraient être interessés, comme le fonds souverain de Koweït KIA (qui ne prendrait qu’une participation financière, et ne pèserait pas sur la stratégie du groupe), ou le groupe pétrolier chinois CNPC.

Malgré la vente d’Itinere, Sacyr Vallehermoso, un groupe au parcours stratosphérique, passé en un peu plus de 20 ans de petite société à poids lourd du secteur, entend garder quelques intérêts dans les infrastructures, et va conserver certains actifs actuellement dans sa filiale.

Il s’agit d’autoroutes en construction, ou d’infrastructures qui ne sont pas autoroutières. Sacyr va débourser 478,3 millions d’euros pour ces actifs situés en Espagne, au Chili, au Costa Rica, en Irlande ou au Portugal.

Sur les neuf premiers mois de l’année, Itinere a apporté à Sacyr environ 478 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 10% du total.

Dans le même temps, Citi est parvenu à un accord avec deux autres groupes d’infrastructures, l’espagnol Abertis et l’italien Atlantia, pour qu’ils rachètent les parts d’Itinere dans certaines concession en Espagne, au Portugal, Brésil et Chili.

Abertis a annoncé dans un communiqué qu’il allait débourser 621 millions d’euros, tandis qu’Atlantia va payer 420 millions d’euros.

A la Bourse de Madrid, l’action de Sacyr Vallehermoso progressait de 3,57% à 7,83 euros, tandis que celle de Repsol perdait 2,57% à 14,81 euros, dans un marché en baisse de 2,70% à 12H51 (11H51 GMT).