La crise alimentaire serait plus aggravée par la crise financière

 

«Le climat de grande incertitude qui règne désormais sur les marchés
internationaux et la menace d’une récession mondiale pourraient inciter les
pays au protectionnisme et à la révision de leurs engagements en matière
d’aide internationale au développement», a déclaré M. Jacques Diouf,
Directeur général de la FAO.

En fait, si la crise financière a jusque-là provoqué des turbulences
financières et des récessions à travers le monde, son impact pourrait
grièvement dépasser ces limites pour aggraver encore plus la crise
alimentaire. Celle-ci pourrait atteindre un stade alarmant s’il y a une
réduction de l’aide à ce niveau.

M. Diouf a fait remarquer que la crise financière, suivant de très près la
flambée des prix alimentaires qui a jeté 75 autres millions de personnes
dans la faim et la pauvreté en 2007, pourrait bien exacerber les difficultés
des populations pauvres des pays en développement.

Les prix des denrées sont en train de baisser, essentiellement face aux
perspectives favorables de récolte mais aussi, entre autres, d’un
ralentissement de l’économie mondiale. Cela pourrait signifier une réduction
des semis qui serait suivie d’une diminution des récoltes dans les
principaux pays exportateurs. Étant donné que les stocks céréaliers
demeurent bas, ce scénario pourrait aboutir à un autre cycle de prix
alimentaires record l’an prochain, une catastrophe pour des millions d’êtres
humains qui se retrouveraient dès lors sans ressources et sans crédit.

Selon le dernier rapport de la FAO, «Perspectives de récoltes et situation
alimentaire», qui vient d’être publié, la production devrait progresser de
4,9%, cette année, s’établissant à un chiffre record de 2.232 millions de
tonnes. Néanmoins, quelque 36 pays dans le monde ont encore besoin d’une
aide externe, compte tenu des pertes de récolte, des conflits, de
l’insécurité ou des prix locaux qui demeurent élevés, souligne le rapport.

D’où l’impérativité de maintenir l’aide aux pays pauvres souffrant déjà de
la crise alimentaire. “Si la volonté politique et les promesses des
donateurs ne se transforment pas en mesures concrètes et immédiates, des
millions d’autres personnes pourraient sombrer dans une pauvreté plus
profonde et une faim chronique”, a averti M. Diouf.